La marijuana fait la fortune de l'Amérique
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Invité,
Source : Drogues news
Quand on se veut le leader de la guerre mondiale à la drogue ; quand on envoie des soldats en Colombie ou en Afghanistan pour lutter contre les «narcoterroristes»; qu’on fait pression sur le Canada, trop compréhensif sur cette question, et que l’on décerne chaque année des mauvais points aux pays ne luttant pas assez contre les stupéfiants, c’est le genre d’étude qu’on préférerait oublier très vite.
Bien sûr, l’auteur du rapport, le chercheur Jon Gettman est un avocat de longue date de la dépénalisation du cannabis. Mais ses chiffres s’appuient sur les données fournies par l’administration américaine en 2003. Ainsi, selon les bureaux du Tzar antidrogues américain, les Etats-Unis produiraient environ 10 000 tonnes d’herbe par an. Un chiffre déjà connu et repris par l’ONU, qui ferait du pays un des tous principaux producteurs mondiaux. Dans l'indifférence générale. Partant de ce chiffre difficilement vérifiable mais également difficilement contestable par les autorités, le chercheur évalue, a minima, à 35,8 milliards de dollars le chiffre d’affaires de la marijuana locale.
La Californie, Etat de tradition agricole, fournirait à elle seule le tiers d'une production multipliée par dix en vingt-cinq ans. Tandis que le Tennessee, le Kentucky, Hawaii et Washington suivraient au palmarès. Au total, le pays compterait 56 millions de pieds d’herbe cultivés en extérieur et 11,7 millions en intérieur (photo extraite du site de la DEA). Soit autant que le Mexique. Et bien plus que le Canada, pourtant sans cesse montré du doigt pour ses exportations de «BC Bud» (la skunk de Vancouver) vers les Etats-Unis. Pourtant jamais, au niveau international, les Etats-Unis n’ont été rappelés à l’ordre comme peut l’être le Maroc, autre gros producteur.
«Le fait que la marijuana soit la principale ressource agricole américaine après plus de trois décennies d’efforts d’éradication démontre bien que les lois actuelles sont un échec total», en a conclu hier Rob Kampia , du Marijuana policy project, association antiprohibitionniste qui publie l’étude. Et comme on est aux Etats-Unis, ce dernier ajoute: «Nos lois font en sorte que 100% de cette manne aille aux criminels plutôt qu’aux business légaux, qui paient des taxes pour financer les écoles, la police, les routes...»
Quant à Tom Riley, porte-parole du Tzar antidrogues John Walters, il n’a ni infirmé ni confirmé ses chiffres, mais a évoqué l’Afghanistan et la Colombie pour rétorquer à Kampia : «La cocaïne est la principale ressource agricole de la Colombie et ça n’a pas marché pour eux, le pavot est la principale ressource agricole de l’Afghanistan et ça a été désastreux pour eux.» Afghanistan, Colombie, Etats-Unis... Habile comparaison.