Alors que le gouvernement de Justin Trudeau a confirmé la légalisation et règlementation prochaine du cannabis lors du discours du Trône inaugural.
Alors qu'à la fin du mois de novembre, un juge de la Cour du Québec à Gatineau a déclaré que les lois sur le cannabis au Canada sont «désuètes et ridicules».
Alors qu'il y a un changement majeur dans l'opinion publique et que l'appui quant à la légalisation de la marijuana est passé de 12% en 1970, à 31% en 2000, et 58% en 2015.
Je suis allée au Colorado dans le cadre de mon émission de voyage #TamyUSA (diffusée les lundis 20h sur Évasion) afin de profiter des paysages époustouflants offerts par le parc national des Montagnes Rocheuses, mais également pour en apprendre plus sur l'industrie du cannabis, en pleine croissance aux États-Unis.
Vous retrouverez trois vidéos ci-bas.
1)Ma visite de Medicine Man, une entreprise familiale de 40 000 pieds carrés qui se veut le Costco du cannabis et qui compte entrer en bourse en 2016
2)Ma visite de la ferme du Colorado Harvest Company, une entreprise fondée en 2009 qui a ses racines dans le cannabis médical et où pousse du cannabis biologique (ou dit «naturel» comme l'appellation du ministère de l'Agriculture ne peut être appliquée au cannabis, puisque la plante n'est pas encore légalisée aux États-Unis au niveau fédéral). Ralph Morgan, le co-propriétaire du Colorado Harvest Company, m'amène ensuite au Green Mile de Denver, une rue en plein changement, où pullulent les dispensaires, dont un de ses trois points de vente, qui sert plus de 600 clients à chaque weekend.
3)Ma rencontre avec Michael Elliot, le président du Marijuana Industry Group, une association d'avocats, d'entrepreneurs et de lobbyistes, qui vise à promouvoir et encadrer la légalisation du cannabis au Colorado. Dans cette vidéo, Elliot parle de l'échec de la war on drugs et explique comment la vente de la marijuana est taxée à Denver. Il dresse le bilan de la dernière année et suggère que la criminalisation du cannabis est la politique la plus raciste des États-Unis.
Quelques infos sur l'industrie du cannabis aux États-Unis
Au Colorado, la vente du cannabis a rapporté $44 millions US en taxes au gouvernement en 2014. Durant les sept premiers mois de l'année 2015, c'est $73,5M. Et on parle de revenus de plus de $125 millions US d'ici la fin de l'année.
À ce jour, 15 États américains ont décriminalisé la marijuana, 23 États ont légalisé l'usage de la marijuana pour des fins médicales, mais seulement quatre États ont légalisé l'usage de la marijuana pour utilisation récréative: le Colorado, Washington, l'Alaska et l'Oregon. À noter que Washington DC a également légalisé la marijuana à titre récréatif, mais pour utilisation personnelle seulement -- il est donc légal d'en posséder sur soi, d'en faire pousser et d'en donner -- mais la vente commerciale demeure interdite.
Le pot, les réseaux sociaux et Silicon Valley
À Denver, il est légal de faire pousser six plants de cannabis à la maison. Comme le concept de mon émission #TamyUSA est de voyager en utilisant Instagram afin de guider mes aventures, j'étais curieuse de voir si les gens documentaient leurs plants de pots sur cette plateforme.
Quelle ne fut pas ma surprise de trouver des centaines de milliers de photos identifiées avec le mot-clic #GrowYourOwn. En effet, chacun y documente sa marijuana, de la même façon qu'on peut prendre et partager des photos d'une bonne bouteille de vin, d'un déjeuner ou d'un plan de tomates.
Instagram n'est d'ailleurs pas la seule plateforme qui peut aider les consommateurs à s'y retrouver dans le domaine de la mari.
L'application WeedMaps (utilisée au début de la vidéo de Medicine Man) est une sorte de Yelp pour dispensaires, qui permet de géo-localiser les fermes et les dispensaires qui se trouvent autour de nous. Le design et l'interface sont superbes et on peut y lire les commentaires laissés par d'autres utilisateurs, en plus d'accéder aux menus des dispensaires et connaître les prix des diverses variétés de marijuana.
Il existe également des réseaux sociaux tels que Mass Roots, le Facebook des enthousiastes et entrepreneurs de l'industrie, qui compte quant à lui plus d'un demi-million d'usager. La start-up est d'ailleurs en campagne de financement, tel qu'on peut le voir sur leur site. Car de plus en plus d'investisseurs et de réputés moguls des affaires se tournent vers ce marché en pleine expansion et y versent énormément d'argent.
En décembre 2014, Business Insider rapportait que Peter Thiel (le co-fondateur de PayPal, qui a vendu sa startup à eBay pour $1,5 milliard US en 2002, également un des premiers investisseurs de Facebook) avait bien l'intention de devenir le premier investisseur institutionnel à se lancer dans l'industrie légale de la weed, à travers sa société de capital risque Founders Fund. Cette société vient d'ailleurs d'investir $75 millions US dans Privateer, une startup qui veut devenir le Procter & Gamble du cannabis. Privateer Holdings a quant à elle également investit dans trois autres compagnies, dont Tilray, une entreprise canadienne basée à Vancouver qui livre par la poste, en un à deux jours ouvrables, du weed médical à ses patients.
Plus les attitudes politiques et l'opinion publique changent, plus la légalisation et la règlementation du cannabis se répand aux États-Unis et à l'étranger, et plus l'impact sur le domaine des technologie et des affaires sera énorme. Maintenant, qu'en est-il du tourisme?
Le tourisme du cannabis au Colorado
Avant de vous aventurer pour aller fumer vos joints à Denver, il faut que vous sachiez ces quelques informations utiles:
1) S'il est légal d'acheter et de vendre du cannabis au Colorado, il est illégal de le consommer en public.
2) Il est également illégal d'avoir un club, un dispensaire, ou un café où l'on consomme le cannabis sur place (comme à Amsterdam par exemple).
Avec cette stricte règlementation, on peut se demander où le voyageur peut consommer son cannabis. Eh bien, ces restrictions ont donné naissance à des entreprises très créatives dans le domaine du tourisme au Colorado.
Il y a d'abord les hôtels dits «420-friendly», des hôtels boutiques et luxueux qui permettent la consommation de marijuana dans un certain nombre de chambres (le Colorado limite le nombre de chambres cannabis-friendly à 25% du nombre total de chambres de l'hôtel).
Il existe ensuite une panoplie de nouvelles entreprises qui offrent des tours, tels que 420 Airport Pickup. Le concept est simple: on vient vous chercher à l'aéroport, on vous amène au dispensaire, on vous donne des conseils, vous fumez ou vapotez dans la limousine, ou à l'arrivée à votre hôtel. Un service de navette est également offert, pour ceux qui aimeraient se rendre au célèbre Red Rocks, un amphithéâtre extérieur à même la roche et la terre.
La compagnie Colorado Cannabis Concierge offre également un service luxueux et un tas d'excursions (spa, sortie de ski, parcs nationaux, etc) pour les voyageurs curieux de découvrir Denver et sa culture du cannabis.
Et maintenant?
Tous les regards sont tournés vers le Colorado et Washington, alors que le Canada, ainsi que d'autres États américains (Californie, Arizona, Maine,Massachusetts, Nevada) se dirigent vers la légalisation en 2016. L'impact de ses nouvelles lois sera majeur dans une multitude d'industries, mais également sur la société.
Aux États-Unis, à chaque année, il en coûte $3,6 milliard afin de faire respecter les lois sur la marijuana, selon la American Civil Liberties Union. De l'argent qui pourrait être utilisé à bien meilleur escient. Des policiers qui pourraient investir leur temps et leur énergie ailleurs, au lieu de courir après une drogue qui est déjà légalisée et réglementée dans quatre États et bientôt d'autres à venir. Des prisons qui sont pleines à craquer, alors qu'après plus de trois décennies, la criminalisation du cannabis n'a pas du tout affecté l'utilisation de cette drogue et et que la majorité de la population est en faveur d'une légalisation à la grandeur du pays.
Il sera donc intéressant de voir comment les politiques du Canada vont se développer dans ce dossier. Si le Canada légalise, on parle déjà d'un impact majeur, non seulement au pays, mais sur les traités internationaux relatifs au contrôle des drogues.
D'ici là, je vous invite à me joindre ce lundi 7 décembre à 20h sur Évasion, pour notre épisode de #TamyUSA au Colorado (on fait plein d'autres choses que d'explorer l'industrie du cannabis, telles que découvrir le parc national des Montagnes Rocheuses, visiter le magasin légendaire où a été inventé la chemise de cowboy à boutons pression, ou encore avoir peur à l'hôtel où Stephen King a écrit The Shining).
Source: https://quebec.huffingtonpost.ca/tamy-pepin/costco-du-cannabis-video_b_8739046.html