« J’estime donc la consommation française en 2005 à 2,72 milliards de joints, soit 226.275.000 cônes par mois, soit 7.458.904 pétards par jour, soit 310.787 reefers par heure, soit 5.179 cannes à la minute, soit 86 stickos à la seconde. »
Source : Chanvre-Info
Tout roule pour l’industrie du papier à cigarette. Le marché français progresse alors que celui du tabac à rouler stagne. Personne n’est dupe : l’augmentation est le fait des fumeurs de cannabis. La taille du marché du joint ? Un peu d’arithmétique est nécessaire : en 1997, 60 % des feuilles à rouler vendues sortaient des usines Bolloré (OCB, JOB, et Zig-Zag), ce qui représentait une production avoisinant les 120 millions de cahiers (étuis de 100 feuilles). On pouvait donc estimer le marché français à 200 millions de cahiers, soit 20 milliards de feuilles.
On peut considérer qu’il y a sur un étui 20 % de déchet, ce qui ramènerait le nombre de feuilles utilisées à 16 milliards. Concernant le tabac à rouler, les ventes représentaient, en 1997, 7.300 tonnes, correspondant à 182 millions de paquets de tabac à rouler de 40 grammes. Sachant qu’un paquet permet de fumer 70 cigarettes, on peut évaluer à plus de 12,7 milliards le nombre de cigarettes roulées l’an dernier.
Devinette : à quoi peuvent bien servir les 3,3 milliards de feuilles en surplus... sinon à rouler des pétards ? Sachant qu’il faut, en moyenne, 2 feuilles pour faire un joint, on peut ramener à 1,65 milliard le nombre de pétards fumés en 1997, soit plus de 4,5 millions par jour ! Un chiffre qui paraît cohérent avec celui, officiel, de 2 millions de fumeurs réguliers. Les étudiants, qui affirment pour 40 % d’entre eux fumer des joints, représentent à eux seuls 800.000 consommateurs !
De quoi laisser rêveurs les industriels du papier à cigarette qui aimeraient probablement cibler leur consommation vers les fumeurs de cannabis. Ramené à la population française, le chiffre de 4,5 millions de joints est saisissant. Même en admettant une marge d’erreur de 20 %, il dépasserait encore 3,5 millions... Le nuage quotidien du cannabis reste énorme.
Julien Kostrèche
Source : L’Événement du Jeudi
Pubdate : 3-9/12/98
Commentaire Chanvre-Info
Cet article de 1998 du défunt EDJ offrait une simulation assez réaliste pour estimer le nombre de pétards consommés par rapport au papier à rouler vendu : 1,65 milliard pour 1997. Pour actualiser ce chiffre, il convient de procéder à certains ajustements. Le taux de 20% de déchet fait passer les rouleurs de joints pour des parkinsoniens, alors même que le cannabis calme souvent les tremblements causés par cette maladie. De plus, ce calcul ne prend pas en compte les longues feuilles dont les ventes ont explosé depuis 97, certainement au détriment des courtes. Ramenons le taux de déchets à 10 % pour compenser les longues feuilles. Depuis neuf ans, la consommation de cannabis a au moins progressé de 50%.
Soit 2.475.000.000 de joints d’après l’augmentation de la consommation et 2.722.500.000 en ajustant le taux de déchet. Ce chiffre correspond très bien avec l’estimation de 1,1 milliard pour le Maroc ( 30 millions d’habitants) en 2005. J’estime donc la consommation française en 2005 à 2,72 milliards de joints, soit 226.275.000 cônes par mois, soit 7.458.904 pétards par jour, soit 310.787 reefers par heure, soit 5.179 cannes à la minute, soit 86 stickos à la seconde. Plus de mille tarpés le temps de lire ce paragraphe. Alors, pass pass le oinj, y a vraiment du monde sur la corde à linge !
Que vaut une loi qui est violée plus de sept millions de fois par jour ? Rien. Pire, elle met en péril le principe même du respect des lois. Où sont les centaines de milliers de tarés, les dizaines de milliers d’haschischins sanguinaires, les milliers de suicidés ou d’accidentés, les millions de fainéants que devrait provoquer cette soi-disant épidémie de cannabis d‘après la propagande prohibitionniste ? Dans le phantasme populaire. Les vrais chiffres sont de dix à mille fois moindre, le cannabis n’est pas sans danger mais on pourrait considérablement les réduire avec une autre prévention. Constate-t-on un effondrement dans la réussite scolaire ou universitaire ? Pas dans les quartiers riches où la consommation est supérieure aux quartiers pauvres en situation d’échec scolaire.
Il n’est pas question de refaire les mêmes erreurs qu’avec le tabac ou l’alcool, le cannabis doit faire l’objet d’une information objective sur les risques liés à sa consommation et les moyens de les réduire. La prévention ne doit plus nier l’usage et imposer l’abstinence comme le suggère le projet Sarkozy mais faire l’éducation des jeunes et des parents au bon usage du cannabis ( et du dialogue autour des comportements potentiellement addictifs : jeux, drogues, sexe, Internet, nourriture, travail...) et inciter à consulter au premier doute sur l’impact de sa consommation. Cela vaut 2,72 milliards de fois la peine de changer de politique.
Laurent Appel