Green House Keeper (GHK), start-up montpelliéraine fondée en janvier 2017, a créé un système innovant recréant des conditions environnementales optimales pour cultiver tous les types de végétaux, et de manière automatisée.
Ses deux fondateurs, Pierre Joram, pharmacien et spécialiste de physiologie végétale, et Pierre Richard, ingénieur en électronique, ont conçu un ordinateur climatique capable de piloter automatiquement les paramètres environnementaux nécessaires au bon développement des plantes : température, humidité, nutriments, cycle de la lumière pour reproduire le lever et le coucher du soleil, pression barométrique pour simuler les saisons...
Capteurs, lampe LED ou caméras sont pilotés par un logiciel baptisé HerbroCore. Une façon de « tromper » la plante - Pierre Joram préfère « contrôler » - afin de la surveiller, analyser sa croissance et permettre au producteur de multiplier les récoltes au-delà de son cycle naturel.
« Le tout est piloté à distance grâce à une plate-forme cloud, souligne Pierre Joram. Nous nous adressons aux cultures en milieu contrôlé, c'est-à-dire les serres et l'agriculture urbaine dans des containers, des chambres froides ou des entrepôts. Nous travaillons aussi beaucoup avec les laboratoires de recherche. »
D'abord l'agriculture urbaine
Le produit s'adresse au contrôle des différents techniques de cultures, conventionnelles ou hors-sol, et la start-up vise en premier lieu le marché de l'agriculture urbaine, le marché des serristes étant « un marché très établi avec trois acteurs principaux, et sur lequel il est difficile d'entrer », note Pierre Joram.
« Aujourd'hui, nous comptons une vingtaine de sites installés : les principaux laboratoires de recherche, deux fermes urbaines en Suède, une à Paris, une à Rennes et deux en Belgique. Souvent, les fermes urbaines cultivent des plantes aromatiques - roquette, thym, menthe et basilic - souvent en monoculture, sans pesticides, et de préférence des variétés qu'on ne trouve pas dans le commerce. »
D'ici quelques semaine, GHK équipera une première ferme urbaine à Montpellier, en collaboration avec l'association des champignons d'Occitanie, pour faire des micro-pousses à destination des restaurateurs principalement.
Culture du cannabis : une belle perspective
L'agriculture urbaine est d'ailleurs l'axe principal de développement de la start-up.
« Nous visons en premier lieu les pays du nord, où les projets sont plus grands et où il existe un vrai marché, précise Pierre Joram. Nous adressons aussi le marché de la recherche. Et nous visons l'avenir car avec les problématiques du changement climatique, de la diminution des ressources en eau, il y aura de plus en plus de fermes urbaines. »
Un des autres axes stratégiques identifiés par la start-up concerne le marché américain, où elle a déjà installé des prototypes. Sur quel type de culture ? "Celle du cannabis", répond Pierre Joram, puisque désormais 33 États y autorisent le cannabis médical.
« Cela fait déjà un an qu'on travaille dessus mais c'est un marché complexe, prévient toutefois le jeune dirigeant. En France aussi, nous commençons avoir des demandes d'agriculteurs qui se préparent en vue d'une éventuelle légalisation. C'est un axe comme un autres pour nous, mais un axe important car les investisseurs sont prêts à suivre. On le voit déjà au Portugal ou en Italie pour le cannabis thérapeutique. D'ailleurs, nous travaillons actuellement sur un projet pour un producteur au Portugal. »
Levée de fonds en cours
GHK est incubée au BIC de Montpellier et hébergée à l'IRSTEA (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture) de Montpellier, où elle a aussi été incubée dès la fin 2015 et avec lequel elle a signé un partenariat de recherche pour doter son dispositif de caméras.
La start-up a réalisé un chiffre d'affaires de 100 000 € en 2018 et vise une croissance « de 30 à 50 % en 2019 ».
« Nous sommes en pleine levée de fonds, avec pour objectif de recruter, d'augmenter la R&D et de nous déployer sur le marché européen, annonce Pierre Joram. Nous avons déjà acté la levée de 300 000 € mais on aimerait monter jusqu'à 1 M€. »
Cette levée de fonds devrait être bouclée à la fin d'été, au plus tard en fin d'année.
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