Bulletin d'ENCOD sur la politique des drogues en Europe
La politique est essentiellement un jeu de casse-tête joué par des personnes qui prétendent avoir des solutions aux problèmes posés par la société.
Source : Encod.org
Le casse-tête concernant le futur de la politique des drogues ne peut être résolu que par ceux qui veulent en finir avec la prohibition. Ce n’est qu’une question de temps avant que l’information sur cet énorme échec des actuelles politiques des drogues ne soit divulguée à l’opinion publique.
Avec le temps, la connaissance croissante du public des analyses alternatives, basées sur l’acceptation de la consommation de drogues par des adultes, pourra ouvrir une porte sur de nouvelles possibilités. Ces possibilités permettront d’aborder les choses de façon plus juste, pas seulement pour les consommateurs de drogues et leur entourage, mais aussi pour un éventail d’autres champs tels que le développement durable, la cohésion sociale, une économie propre, la lutte contre la corruption, le déficit démocratique, etc. L’Histoire démontre que ce savoir populaire peut apparaître de façon spontanée, au travers d’un nouveau courant de pensée provoqué par un enchaînement d’événements, pas par un seul.
Notre mission est de franchir l’abîme qui existe entre le monde des citoyens et celui des politiciens. Dans le premier on subit les problèmes concrets sans pouvoir prendre de décisions pour les résoudre. Dans le second les problèmes sont perçus de loin et sont sous l’influence de groupes qui représentent certains intérêts. L’absence totale de débats sérieux sur les drogues dans l’arène politique, malgré le fait que le problème affecte virtuellement tout le monde, démontre que les intérêts cachés pour maintenir le statu quo sont assez sur-représenté dans cette arène.
Il faut provoquer un courant de pensées qui peut faire la différence, allant et venant entre ces deux rives. Dans le premier sont les gens , la réalité quotidienne et le sens commun. C’est l’endroit où s’inventent des solutions pratiques pour créer de petites marges de tolérance à l’intérieur du cadre légal, comme par exemple les Clubs Sociaux du Cannabis.
Sur l’autre rive, on rencontre l’appareil politique et bureaucratique, les parlements nationaux, les réunions des Nations Unies et l’Union Européenne, où opèrent des forces occultes pour le maintien de l’illégalité des drogues. Ils s’assurent ainsi que le coût publique de l’approche répressive des drogues peut continuer sans difficultés, malgré la quantité croissante de preuves que cela ne fonctionne pas. Les rares déclarations des politiciens sur la politique des drogues démontrent que la majorité ne considère même pas le fait que les "problèmes de drogues" pourraient être le résultat de leurs politiques. Cependant, dans le cas de ceux qui s’affrontent à la réalité comme cela arrive chez certains politiciens locaux, ils ont tendance à changer d’idée.
Pour traverser cet abîme nous avons besoin de bons équipages et de la détermination. Les gens doivent passer d’une rive à l’autre sans courir le risque de se noyer en cours de route. Ils devraient se sentir bienvenus sur chacune de ces rives et ne pas être une cible pour l’appareil politique dans son entier sur une position marginalisée, ni aboutir à faire partie du discours officiel et "représenter" les deux rives sans vraiment savoir ce qu’il s’y passe.
La prochaine étape de ce casse-tête c’est la réunion à l’ONU à Vienne, en 2008. Le but de cette réunion est d’évaluer la stratégie mise en place il y a dix ans lors de la UNGASS concernant les drogues en 1998, pour"éliminer ou réduire significativement l’offre et la demande de drogues illicites".La préparation officielle de cet événement fut presque pathétique dans la manière dont les gouvernements occidentaux et les institutions internationales ont évité de traiter le fait que le résultat de l’évaluation pourrait changer cette stratégie.
En résumé : Vienne 2008 est la parfaite occasion pour ces citoyens qui veulent participer activement à la fin de la guerre globale contre les drogues, unir des forces et montrer au monde qu’il y a plus à craindre de la prohibition que d’une alternative tolérante. Dans quelques mois nous lancerons un appel à des milliers d’activistes pour aller à Vienne en mars 2008, pour exprimer de manière pacifique mais ferme, l’appel au changement.
Si nous travaillons ensemble comme représentants de citoyens affectés par la prohibition des drogues dans leurs vies professionnelles et personnelles, nous pourrons partager nos connaissances sur comment construire des ponts, et le résultat final sera beaucoup plus fort.
Dans l’attente du processus de dialogue dans l’Union Européenne, ENCOD a proposé à d’autres réseaux d’ONG européennes sur les drogues, qui travaillent surtout dans le domaine de la santé, de considérer l’élaboration d’une solution commune au dilemme actuel créé par le rejet du dialogue de certains gouvernements de l’UE. La différence essentielle entre ENCOD et les autres réseaux c’est que nous favorisons une analyse transversale (la connaissance des drogues appartient justement à ceux qui sont confrontés à la réalité au quotidien) tandis que les autres réseaux souhaitent limiter le dialogue aux "professionnels".
Le processus de dialogue dans l’UE, la campagne Vienne 2008 et les Clubs Sociaux du Cannabis seront les thèmes les plus importants de la prochaine assemblée générale d’ENCOD qui aura lieu du 22 au 24 juin 2007 à Anvers en Belgique. La réunion est ouverte à tous même s’il est recommandé de prévenir avant.
Par : Joep Oomen - www.encod.org | Traduction : Jean-Michel Rodriguez
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