Bulletin d'ENCOD sur la politique des drogues en Europe
Les 24 et 25 avril, nous, 26 représentants de 13 associations et fédérations de l’État et 7 représentants de la Direction de LA Toxicomanie du gouvernement basque et du personnel technique de la toxicomanie, nous sommes réunis à Murgía, Vitoria, pour analyser les résultats du rapport Drogues et Diplomatie.
Source : ENCOD
Après deux jours de débats et de réflexions collectifs, il a été clair que le rapport représente un outil précieux pour fortifier les mouvements par la réforme de la politique des drogues et pour améliorer notre impact dans le débat politique, mais la grande question sous-jacente était : Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
Un des objectifs de la rencontre était de mettre en commun l’expérience des associations dans trois matières concrètes : incidence politique, application de la parité et réduction des risques. Cet échange a mis en évidence le potentiel et le niveau de connaissance que nous réunissons dans les différents domaines d’activité, les lacunes existantes et la nécessité d’échanger ces connaissances pour fortifier nos capacités.
Les contributions précieuses des personnes qui travaillent dans l’administration publique nous ont donné des pistes sur comment améliorer notre impact politique et les voies formelles et informelles pour influencer les politiques de drogues, tant au niveau pratique que théorique.
Pour cela, on a décidé que nous avions besoin de travailler dans deux directions : la formation interne et l’élaboration d’un discours unifié avec des propositions concrètes vers un changement de paradigme dans le régime prohibitionniste. Le comment se traduira par la création d’un groupe de travail qui élaborera un document consensuel durant les prochains mois et dans la mise en place d’une réunion conjointe, l’année prochaine, avec toutes les fédérations et organisations de l’état, dans laquelle on organisera des ateliers pratiques et des débats politiques. L’organisation de cet événement présentera une grande avancée, non seulement en ce qui concerne notre impact politique et médiatique mais aussi pour une plus grande cohésion en tant que mouvement social. Le grand défi sera d’unir des organisations concernée par tout type de drogues et d’utilisations avec différentes lignes et propositions d’action dans une atmosphère d’harmonie et de respect.
Comme il a été dit clairement dans le rapport, la grande lacune des mouvements anti-prohibitionnistes est la prise en compte de la parité des sexes. Peu d’organisations l’intègre dans leur pratique et dans leur discours politique. Toutefois, on a commencer à travailler sur ce point, et à Murgía on a formé un groupe de travail d’état qui unifie les expériences et les préoccupations et commence une réflexion collective sur ce que signifie la prise en compte de la parité des sexes dans nos stratégies et nos pratiques.
Il reste à clarifier comment nous allons travailler les recommandations et les conclusions du rapport dans nos organisations propres. Le rapport, non seulement est un outil pour améliorer notre capacité d’incidence politique, mais est aussi un outil qui nous apporte des pistes sur comment améliorer notre fonctionnement interne, tant celui de chaque organisation que celui d’ENCOD comme réseau européen.
Avec 15 années d’histoire, ENCOD est entrée dans l’adolescence. Née de l’union d’un groupe d’ONG et de la Commission Européenne pendant le baptême de l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT), elle s’est transformée en fille bâtarde de tous les deux. Ignorée et, même, rejetée par un de ses géniteurs, avec les années elle a appris à marcher seule de par le monde, elle a été nourrie de la rage des opprimés par les politiques des drogues et a su transformer les protestations en propositions de changement pour une société plus juste et plus efficace.
Toutefois, comme les enfants quand ils grandissent et qu’ils ont mal à leurs os, ENCOD s’en ressent, ayant grandi de manière spectaculaire durant les dernières années, en passant de 7 à 175 organisations et personnes membres du réseau.
L’adolescence est une étape de rébellion contre les parents, de recherche d’identité et d’indépendance, de fusion avec les paires, de besoin de références, de créativité et de courage… Plus proche de la maturité que de l’enfance, l’adolescence ose présenter un miroir aux parents dans lequel se reflètent leurs craintes et leurs menaces. C’est le rôle que doit jouer ENCOD dans le cadre de la politique des drogues. À cet effet, il est nécessaire que nous passions au stade de la maturité et que nous fassions des propositions consensuelles et cohérentes à nos « aînés », mais sans perdre la fraîcheur et la capacité de transgression de l’adolescence.
L’Assemblée Générale à Barcelone du 19 au 21 juin sera une grande occasion d’unifier les discours et les propositions. Pour cela, nous devons contrôler nos colères, dépasser nos intérêts personnels et nous centrer sur l’intérêt collectif : la lutte pour un changement dans le paradigme prohibitionniste.
Par : Virginia Montañés Sánchez