Le choix de mon sujet de recherche a été guidé par mes interrogations sur les relations multiples qui existent autour de la production de la feuille de coca dans le « Tawantinsuyu », aujourd’hui appelé les Andes d’Amérique du Sud. Une partie de la société bolivienne est affectée dans son économie à cause de l’interdiction de la commercialisation des produits dérivés de la feuille de coca au niveau international par la Convention de 1961 de l’ONU.
Source: Encod
REPRESENTATION SOCIO-ANTHROPOLOGIQUE DE LA FEUILLE DE COCA EN EUROPE : à partir du lobby d’ENCOD
Par : Beatriz Negrety Condori
Etudiante en Anthropologie à Bordeaux 2
2009
« La plus grande richesse de l’humanité est sa diversité culturelle. Au niveau de l’éducation, la communication, l’administration de la justice, l’exercice de la démocratie, l’ordre territorial et la gestion des ressources naturelles, c’est important de préserver et favoriser cette diversité culturelle de nos peuples. Mais aussi nous devrons respecter la diversité et promouvoir l’économie qui comprend des formes de commercialisation différente » (Président de Bolivie Evo Morales).
INTRODUCTION
Le choix de mon sujet
Le choix de mon sujet de recherche a été guidé par mes interrogations sur les relations multiples qui existent autour de la production de la feuille de coca dans le « Tawantinsuyu », aujourd’hui appelé les Andes d’Amérique du Sud. Une partie de la société bolivienne est affectée dans son économie à cause de l’interdiction de la commercialisation des produits dérivés de la feuille de coca au niveau international par la Convention de 1961 de l’ONU.
Les conséquences de cette Convention internationale pour le secteur des producteurs de la feuille de coca sont catastrophiques au niveau social, culturel, économique et politique. Ce n’est pas simplement le cas pour les agriculteurs de la feuille de coca de Bolivie, mais aussi pour ceux des pays voisins comme le Pérou, la Colombie et autres. Chaque pays est touché par la politique de l’ONU concernant les drogues, qui vient avec la répression à cause de la « pénalisation » de la feuille de coca. Le « Plan Colombia » et l’« éradication forcée » des plants de coca promus par les Etats-Unis, mais aussi le « développement alternatif » promu par l’Union Européenne sont des stratégies de domination politique et économique issues de la « guerre contre la drogue » portée au niveau international. Ces stratégies déstructurent les sociétés paysannes locales de façon multiple.
Pendant la Conquête au XVIe siècle, les Espagnols eux-mêmes avaient interdit la consommation de la feuille de coca à la population originaire des Andes dans le contexte de sa « christianisation », à l’époque ou l’Inquisition sévissait en Espagne. Mais l’Etat colonial a rapidement fait machine arrière en s’apercevant que la coca pouvait faire l’objet d’un commerce profitable.
Les élites du monde colonial monopolisèrent la production et la commercialisation jusqu’à l’Indépendance des pays producteurs, au début du XIX ème siècle.
Au début du XX ème siècle, les Etats occidentaux commencent à interdire certaines substances considérées comme psychotropes, parmi lesquelles la feuille de coca. Finalement, en 1961, la Convention Unique des Stupéfiants de l’ONU catégorise la feuille de coca et tous ses dérivés comme des substances contrôlées « interdites » (Delpirou, Labrousse, 1986).
Des entreprises Européennes et Nord Américaines manufacturèrent plusieurs produits à base de la feuille de coca, notamment des médicaments à base de cocaïne , substance chimique élaborée par la première fois en 1860 dans un laboratoire allemand. D’autres exemples d’industrialisation et de commercialisation de la feuille de coca sont le « Vin Mariani », connu à la Belle Epoque, puis le « Coca Cola » peu de temps après (Henman, 1978).
La « guerre aux drogues » menée par les Etats occidentaux associe la feuille de coca avec la cocaïne et ses conséquences néfastes. Mais la feuille de coca n’a rien à voir avec le produit dérivé qu’est la cocaïne. Le président bolivien Evo Morales répétait encore récemment que « la coca n’est pas de la cocaïne ». Selon le gouvernement bolivien, la prohibition de la feuille de coca est donc infondée. Il discute ouvertement la Convention de l’ONU 1961 qui définit la coca comme « stupéfiant » et interdit en conséquence toute commercialisation de produits à base de coca, à l’exception notable du Coca-Cola.
A partir de cette réflexion, je me suis demandée pourquoi il était interdit aux producteurs andins de commercialiser des produits dérivés de la feuille de coca au niveau international, et quelle est la représentation de la plante pour les occidentaux d’aujourd’hui. Actuellement il y a quelques pays qui sont autorisés à produire et à commercialiser la "cocaïne légale" qui entre dans la fabrication de médicaments. Les principaux sont les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Belgique et l’Allemagne, mais ni le Pérou ni la Bolivie ne font partie de ces pays autorisés . En même temps, la feuille de coca est utilisée dans la fabrication de l’un des produits commerciaux les plus connus au monde : le Coca-Cola.
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Documents joints
https://www.encod.org/info/local/cache-vignettes/L50xH50/pdf-3c208.png[/img]
Representation (PDF - 3 Mo, 24 août)
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