Bulletin d'ENCOD sur les politiques de drogue en Europe
Beaucoup de gens pensent et espèrent que l’ère d’Obama pourra effectivement apporter un changement dans les politiques de drogue des Etats-Unis. Ce qui impliquerait sûrement des répercussions au niveau international. Non seulement dans les pays consommateurs, mais également et surtout dans les pays définis comme producteurs. Des centaines de millions de personnes qui voudraient fumer leur joint en paix pensent de cette façon. Beaucoup plus commencent à comprendre que la prohibition des drogues a échoué.
Source: Encod
Beaucoup de gens pensent et espèrent que l’ère d’Obama pourra effectivement apporter un changement dans les politiques de drogue des Etats-Unis. Ce qui impliquerait sûrement des répercussions au niveau international. Non seulement dans les pays consommateurs, mais également et surtout dans les pays définis comme producteurs. Des centaines de millions de personnes qui voudraient fumer leur joint en paix pensent de cette façon. Beaucoup plus commencent à comprendre que la prohibition des drogues a échoué.
L’objectif annoncé en 1998 pendant la session d’UNGASS à New York, et répété dix ans après, c’est-à-dire un monde sans drogues, ne sera jamais réalisé. Il est maintenant évident que ce but ne peut pas être atteint, comme cela a été dit lors des discussions de la dernière réunion de CND en mars à Vienne.
Récemment, plusieurs événements qui ont eu lieu outre-atlantique ont provoqué un optimisme modéré dans les associations et les organisations qui prônent une politique des drogues différentes aux Etats-Unis, comme NORML et DPA. Parmi ces signaux nous rappelons les suivants :
L’annonce faite par Eric Holder, Procureur Général et chef du Département de la Justice, d’en finir avec les descentes de police dans les dispensaires de cannabis médical, dans les états où la loi le permet. Le Rhode Island, la Californie et le Nouveau-Mexique ont mis en place un règlement pour les dispensaires, tandis que le nombre d’états où l’usage médical du cannabis est permis est de 13 ;
Les déclarations de Gil Kerlikowske, le nouveau chef du Bureau pour la Politique Nationale de Contrôle des Drogues de la Maison Blanche, a parlé d’un changement radical de perspectives dans les efforts de la nation pour combattre les drogues, en commençant par éliminer le terme de " Guerre aux Drogues " ;
La proposition de légaliser le cannabis récréatif en Californie et les déclarations ouvertes du gouverneur Schwartzenegger sur cette possibilité et l’apparition d’intérêts économiques comme la somme des impôts que cela pourrait apporter au Trésor Public. Par ailleurs cela arrêterait la montée de la violence due à la guerre entre les cartels de narco-trafiquants au Mexique et aux états du sud des Etats-Unis, et surtout, cela réduirait la densité de la population des prisons nord-américaines.
L’appel à la légalisation a été réitéré par les centaines de milliers de personnes qui ont pris part aux Marches Mondiales pour la Marijuana qui ont eu lieu dans plus de 250 villes partout dans le monde au début du mois de mai. Dans la presse et la télévision internationales aussi on a entendu les voix de ceux qui ont expliqué que mettre fin à la prohibition améliorera les conditions pour traiter le phénomène global des drogues.
En Amérique Latine, les présidents des états les plus concernés par la culture de la coca et le trafic de cocaïne ( comme Morales en Bolivie, Chavez au Venezuela, Correa en Equateur et Lugo au Paraguay ) se sont appropriés la feuille de coca comme symbole de leur campagne pour sauver la planète et la " Mère Terre " à travers un changement radical des modèles économiques et de développement actuels.
On doit réviser les conventions internationales, le dialogue doit être ouvert sur les sujets fondamentaux comme le respect de Droits de l’Homme et de la diversité culturelle, et dans ce processus de changement les citoyens de tous les pays doivent pouvoir jouer un rôle fondamental ( autant les citoyens des pays producteurs que ceux des pays où il y a une consommation plus importante ).
De nos jours, l’Europe est à un point très éloigné des hauts idéaux qui ont inspiré ceux qui commencèrent à construire l’Union en des temps éloignés. Elle est réduite a un gigantesque appareil bureaucratique au service des riches et des puissants.
Le 26 juin, la Commission Européenne présentera sa nouvelle initiative sur le sujet, une "Action Européenne sur les Drogues". Quand cette initiative a été présentée lors de la dernière session du "Forum de la Société Civile sur les Politiques des Drogues dans l’UE", une rencontre de 35 représentants de plusieurs organisations de la société civile, elle fût rejetée par tous sauf par la "Fondation pour une Europe sans Drogues".
https://www.encod.org/info/local/cache-vignettes/L150xH225/catania-3-2f4eb.jpg[/img]Cette Union Européenne qui protège seulement des intérêts financiers mais qui n’a pas de coeur, où les décisions sont prises par une petite élite, est sur le point de renouveler son Parlement, en lui-même un symbole parfait de la fausseté de leur démocratie. Giusto Catania, jeune eurodéputé italien, aura au moins eu du succès, lors des cinq années qui arrivent à leur fin, à obtenir une majorité de députés européens pour une série de propositions anti-prohibitionnistes. Cependant, ces recommandations ont été complètement ignorées par les dirigeants des États Membres et par la Commission Européenne.
Et précisément en Italie, peut-être à cause de l’approche des élections européennes et administratives, arrivent des nouvelles alarmantes sur la censure réelle. "La Foire du Nouveau Monde", qui héberge aussi la foire du Cannabis Tipo Forte ( une foire du chanvre qui arrive à sa cinquième édition en 2009), n’a pas reçu l’autorisation pour les dates prévues à la fin mai. Le veto contre la Foire de la municipalité de Faenza a été émis par le Parti Démocratique (en théorie de gauche), après des pressions de représentants de l’U.D.C. (Parti Catholique) et avec l’appui du gouvernement central en la personne du vice-ministre chargé du sujet des drogues, Giovanardi. Satisfait par l’interdiction de la Foire, Giovanardi a remercié le Préfet et le Maire, pour leur "sensibilité démontrée en l’occurrence ".
Quelques mois auparavant, la municipalité de Bologne avait refusé l’accès aux organisateurs du "Centre Palanord" où avait eu lieu la foire les trois années précédentes. On a invoqué ici des raisons de sécurité. Par "pure coïncidence", les travaux de rénovation débutèrent 4 jours avant la date à laquelle la foire était prévue. Les organisateurs continuent à croire qu’il existe encore une liberté d’expression en Italie et la foire sera organisée en septembre.
Nous espérons que cet été, qui coïncide avec le début d’un nouveau cycle pour ENCOD qui renouvellera son Comité Exécutif, contribuera avec sa lumière et sa chaleur à produire un automne plein de bons fruits et de nouvelles perspectives. Nous espérons aussi que les vents de changement qui viennent d’outre-atlantique puissent être perçus sur le vieux continent. Que l’Union Européenne commence une nouvelle phase dans laquelle les politiques ne soient pas seulement guidées par les intérêts économiques et les super-pouvoirs. Et que les citoyens et les organisations de la société civile obtiennent un rôle capital dans la prise de décisions. Nous espérons que les dirigeants de plusieurs pays puissent gérer rapidement une nouvelle réalité internationale.
C’est aussi pour cela qu’Encod doit continuer son travail, et essayer d’unir les réalités qui en Europe travaillent pour une politique des drogues juste et efficace. Des propositions concrètes, qui auront tôt ou tard un rôle à jouer dans le changement à venir, doivent être élaborées. Pendant la prochaine Assemblée Générale à Barcelone, nous planifierons une continuité des campagnes et des actions que nous avons promues ces dernières années, comme les Clubs Sociaux du Cannabis. Et dans un futur proche Encod espère mener à bien une première expérience de commerce équitable avec des matés de coca qui seront produit écologiquement en Bolivie et commercialisés en Europe, basé sur un contact direct entre des producteurs et des consommateurs, à travers de réseaux complètement légaux.
Par Alessandra Viazzi
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