Est-ce-qu’une certaine forme de réalisme entre finalement dans le débat officiel sur la politique de drogues ? Le mois dernier nous avons observé les déclarations libérales des autorités fédérales et étatiques aux USA en ce qui concerne la réduction des risques et l’utilisation de la marijuana médicinale. Dans son Rapport Mondial sur les Drogues qui a été publié le 24 juin, même le Bureau de l’ONU sur les Drogues et la Criminalité reconnaît maintenant ouvertement qu’au Portugal, la décriminalisation de la possession de drogues pour utilisation personnelle « a apparemment diminué les problèmes en rapport avec les drogues ».
Source: Encod
Toutefois, nous ne devrions pas nous laisser confondre facilement par ce type de déclarations. Ils peuvent faire partie d’une simple stratégie de survie de fonctionnaires qui souhaitent maintenir leur poste, même si se produisait un inattendu changement de régime. Nous avons déjà vu le même type de double discours parmi les représentants de la Commission Européenne de nombreuses fois.
En mars 2009, la Commission a publié un rapport d’évaluation qui conclut que durant les dix dernières années, les politiques de drogues dans le monde ont été complètement inutiles. Trois mois plus tard, a été lancé « une Action Européenne sur les Drogues » conçue selon les mêmes lignes directives manipulatrices et fausses qui sont tellement typiques de la façon de voir officielle de la politique de drogues.
Il est peu probable que les politiciens et les fonctionnaires soient capables un jour de résoudre le dilemme de la prohibition des drogues, puisqu’ils sont trop impliqués dans les structures du pouvoir et en dépendent comme d’un outil de survie. Au moins dans le monde occidental, l’élite politique et tous ceux qui dépendent de cette élite, de gauche comme de droite, souhaitent maintenir l’actuelle classification dans la société, ou tout au plus en l’alternant superficiellement afin de donner une illusion de progrès.
Se questionner sur les lois concernant les drogues représente une menace pour les intérêts cachés du système judiciaire. Grâce à ces lois, la police, les avocats, les juges et le personnel de prison sont sûrs de disposer d’une quantité garantie de clients. Il y aura toujours suffisamment de jeunes , déçus et/ou marginalisés disposés à jouer un rôle d’intermédiaire entre les consommateurs et les producteurs. De la même façon les pays développés seront ainsi toujours capables de justifier leur présence militaire dans les pays producteurs, et d’atteindre avec cette présence tout objectif prévu dans son calendrier, déclaré ou non.
Pour cela, des actions de citoyens sont nécessaires. Tandis que la discussion continue dans les tours d’ivoire des institutions, nous n’avons rien à gagner. Nous avons besoin de construire un mouvement qui répète un message simple et clair au public : la prohibition des drogues n’a rien à voir avec la santé ou la sécurité publique, c’est une des inventions les plus perverses de l’histoire de l’être humain. La question n’est pas de savoir si l’on doit y mettre fin, la question est comment et quand.
L’Assemblée Générale d’Encod qui a eu lieu à Barcelone du 19 au 21 juin a essayé de trouver au moins le début d’une réponse à ces questions. Nous avons décidé d’augmenter notre présence, tant sur internet que dans l’espace public, de nous rapprocher des gens, d’organiser des campagnes de lettres publiques, de publications et flyers qui expliquent les messages de base sur les politiques de drogues.
Nous avons aussi prévu d’informer autant les députés nationaux qu’européens sur les objectifs les plus importants de la réforme de la politique des drogues qui pourraient être bénéfiques pour la société dans son ensemble. Ces objectifs ont été décrits dans le rapport Catania de décembre 2004, et dans les conclusions les plus importantes du rapport d’évaluation de mars 2009 (le rapport de Reuter). Nous exigeons de leur part de solliciter une modification de l’actuel Plan d’Action de l’Union Européenne sur les Drogues, puisque ce plan ignore complètement les recommandations mentionnées plus haut.
L’année prochaine, pendant la réunion annuelle de la Commission de Stupéfiants à Vienne, Encod jouera à nouveau un rôle proéminent dans l’appel pour la liberté de cultiver toute plante qui existe dans la nature et qui a des propriétés bénéfiques. Une d’entre elles, la feuille de coca, sera encore le symbole du caractère mondial de cet appel, et du fait que la raison fondamentale de l’interdiction a été le racisme induit par la crainte de la classe moyenne blanche de perdre son contrôle sur la société occidentale. Pendant ce temps, la mise en oeuvre de la convention pour commercialiser des produits dérivés de la coca sera continuée au moyen d’un organisme séparé.
En outre, Encod planifie d’améliorer la coordination entre les différents groupes qui organisent les Million Marijuana Marches en Europe(qui auront lieu le 1er ou 8 mai 2010) et de les relier à la promotion des Clubs Sociaux du Cannabis, la seule alternative qui peut remplacer le marché de cannabis illégal dans la situation actuelle, dans les pays où la possession de cannabis pour utilisation personnelle est dépénalisée . C’est le cas de presque tous les pays européens.
Tout cela peut être fait uniquement avec la participation active de la plus grande partie possible de membres d’Encod. Pour faciliter cette participation on a approuvé une nouvelle structure qui devrait éviter la répétition et la concurrence.
Sous la direction d’un nouveau Comité Exécutif constitué de Marisa Felicissimo, Jorge Roque, Antonio Escobar et Fredrick Polak, on mettra en place plusieurs groupes de travail qui se focaliseront sur les secteurs d’opération plus importants d’Encod : Action, Information (avec l’Internet comme secteur annexe ), Lobby et Organisation. Pour chaque groupe de travail, on créera une liste de courrier pour faciliter la communication entre les membres qui décideront de prendre part à ces groupes.
Deuxièmement, le Comité Exécutif sollicitera les partenaires d’Encod pour qu’ils forment des « représentations-Encod » par pays ou région (langue) qui réunissent les membres les plus actifs de ces pays. Les représentants peuvent aussi élaborer leurs activités propres, jusqu’à mettre en oeuvre des stratégies décentralisées pour obtenir des fonds, comme l’établissement d’une adhésion de seconde catégorie (10 €).
Les prochains mois d’été serviront à préparer cette nouvelle structure, qui, nous l’espérons, pourra commencer en septembre. Au travers des groupes de travail (qui réunissent des personnes par secteur d’intérêt) et des représentations (qui réunissent des personnes par langue ou par pays), il devrait être plus facile de fournir le flux d’information entre la coordination d’Encod et les membres. Nous espérons aussi que cela contribuera à une plus grande et plus active implication de tous ceux qui souhaitent et peuvent contribuer de façon positive pour en finir avec la prohibition des drogues.
Joep Oomen (avec l’aide de Peter Webster)
Lire le rapport integrale de l’Assemblée Générale à Barcelone
Il n’y a aucun commentaire à afficher.