Dans quelques semaines , nous pourrons voir un premier signe important de la promesse de Barrack Obama d’un véritable changement de régime aux Etats-Unis.Quand la Commission de l’ONU sur les stupéfiants se réunira à Vienne du 11 au 20 Mars afin d’établir les nouvelles directives de la politique internationale des drogues pour les années à venir, les yeux du monde se dirigeront vers ceux qui seront mandatés par le nouveau conseil de la Maison Blanche pour diriger cette réunion. Washington continuera-t-il à mener le monde dans une rue à sens unique en cul de sac, ou commencera-t-on dialoguer ? Comment est-ce que les deux autres pièces maîtresses sur l’échiquier des politiques globales des drogues, le bureau de l’ONU du Contrôle des Drogues et l’Union Européenne, répondront-ils à cette occasion pour changer le cours de l’histoire ?
Quelles sont les véritables perspectives du rêve que les leaders mondiaux commenceront finalement à discuter d’une alternative raisonnable à la folie globale de la lutte anti-drogue ?
En tant qu’ hôte des réunions annuelles de la CND, l’UNODC à Vienne n’a aucun intérêt dans tout ce qui peut menacer le consensus de l’actuel status quo. La manière catégorique dont le Directeur Exécutif Antonio Maria Costa refuse de discuter les résultats des politiques hollandaises du cannabis montre ici que la porte vers de nouvelles approches dans la politique de drogue est fermement close. Quant à celle de l’Union Européenne, elle dépendra beaucoup des porte-parole. Les contradictions légendaires entre les gouvernements de l’UE aussi bien qu’entre les discours et les actions de la bureaucratie de l’UE, demeurent les obstacles principaux pour accomplir quelque progrès que ce soit.
Aux Pays Bas, où le cannabis a été officiellement mis à la disposition des adultes par la vente dans les coffeeshops depuis 1976, le niveau de l’utilisation de cannabis est plus bas que dans les pays voisins où le cannabis est seulement disponible sur le marché noir. Par conséquent ce sont les politiques concernant le cannabis de ces pays, et non pas celles des Pays Bas, qui doivent être d’abord remises en question. C’est la vérité fondamentale que les politiciens de l’UE ne veulent pas admettre, et que les fonctionnaires obéissants ne veulent pas contester . Ainsi en attendant, n’importe quel type de discussion sur les drogues est évité et l’UE dope des politiques qui continuent à être des façades conçues pour tromper les contribuables.
En décembre 2008 la Commission européenne a fourni un nouveau Plan d’Action de l’UE sur les Drogues sans permettre aucune occasion pour les commenter au Parlement européen, ni au Forum de la Société Civile récemment créé ni au Forum Public sur Internet qui avait été spécifiquement établi pour cette occasion deux mois auparavant. Seulement les ministres et les fonctionnaires ont participé à la rédaction de ce plan, qui cite ironiquement la « participation des citoyens de l’UE dans la politique de drogue » en tant que deuxième priorité. Dans un style véritablement héroïque, le plan annonce le lancement d’une soi-disant alliance européenne sur les drogues en juin 2009, une association de citoyens et d’autorités pour lutter contre les drogues.
Une " Alliance européenne sur les Drogues" ressemble à un terme qui a pu être présenté pendant et après une conversation lors d’un dîner entre les chefs de l’UE. Même les personnes travaillant dans le bureau de l’Unité Anti-Drogues de la Commission Européenne à Bruxelles ne peuvent pas encore expliquer ce que veut cette alliance ni de quoi elle sera composée.
Pour le prochain Forum de la Société Civile, Encod rédigera une proposition pour un dialogue vrai et efficace sur la politique de drogue entre les autorités et les citoyens en Europe. Un dialogue basé sur la connaissance que nous partageons des intérêts communs : utilisant la meilleure expertise et la meilleure connaissance disponibles afin de convertir l’information basée sur des faits dans des propositions raisonnables et pragmatiques pour une meilleure approche.
La recherche qu’Encod a conduite les mois passés parmi des associations de consommateurs de drogue en Europe, dont certains ont 35 années d’expérience dans le dialogue avec les autorités, produit les recommandations de base concernant la façon de construire des ponts entre les autorités et les citoyens qui sont concernés par les politiques de drogue.
En attendant, Encod construit des modèles de transition vers un futur où les problèmes liés à la drogue sont traités de manière sociale centrée sur la santé à la place d’un traitement judiciaire.
Bien qu’Encod ne sera à l’initiative d’aucun grand événement à l’extérieur du bâtiment de l’ONU à Vienne cette année, à cause de problèmes d’organisation, nous enverrons une délégation à l’intérieur de personnes qui représentent des expériences de certains des citoyens qui sont les plus affectés par les politiques de drogue dans le monde.
Il est possible de rencontrer les membres de cette délégation à la conférence qu’Encod organisera le 4 mars, la semaine précédant Vienne, au Parlement Européen, sous l’intitulé « Coca 2009 - de la persécution à la proposition ». À cette conférence, organisée en collaboration avec le Gouvernement Bolivien et des organisations de cultivateurs de coca sous les auspices du membre du Parlement européen Giusto Catania, Encod proposera un modèle pour commencer à commercialiser les produits traditionnels de feuille de coca en Europe dans un cadre de commerce équitable.
Selon ce modèle les produits dérivés de la coca ne seront pas disponibles sur le marché ordinaire. La transaction commerciale aura lieu entre les associations (des cultivateurs de feuille de coca et des consommateurs des produits de coca), sans intervention des entreprises privées anonymes. Le modèle est basé sur un accord signé par Encod et par diverses fédérations de cultivateurs de coca en Bolivie, qui seront propriétaires de cette initiative.
L’idée est de présenter au monde entier une utilisation plus saine des feuilles de coca que la manière dont elle a été employée en dehors de la région andine jusqu’ici : que ce soit la cocaïne ou le coca-cola. La bibliographie sur les effets positifs de la coca sur le fonctionnement du corps et de l’esprit est impressionnante. Selon une étude de Harvard en 1978 la consommation de la feuille de coca dans le thé ou d’autres produits n’a aucun effet secondaire négatif, il agit en tant que stimulant modéré, antidépresseur et anesthésique local, améliore la fonction de l’estomac, des muscles et de la gorge, et peut être employée dans le traitement de l’obésité et du diabète.
Au sommet de l’ONU à Vienne, le Gouvernement Bolivien présentera une proposition pour en finir avec la persécution de la feuille de coca. Quand il verra cette proposition, Barrack Obama devrait réaliser ce "yes", il peut en finir avec une guerre qui a transformé la région andine en politique "Guantanamo" des drogues. En décriminalisant la culture des feuilles de coca dans la région andine et en permettant l’accès au marché pour que des produits issus de la feuille de coca se répandent à travers le monde, un plus juste et plus efficace système de contrôle de la culture de la coca peut être présenté, et des perspectives du développement durable de la coca proposant des espaces structurés pourront être créées.
Depuis 1995, Encod a fait campagne avec des organisations de cultivateurs de coca de la région andine pour l’usage légal des produits traditionnels issus de feuille de coca en Europe comme moyen d’enseigner au monde occidental la bonne manière d’employer ce produit et de réduire la disponibilité de la coca à la production illégale de la cocaïne. Cet appel a été rappelé par le Parlement Européen dans plusieurs occasions. Et puisque le leader Evo Morales, cultivateur de coca est devenu le président de la Bolivie, le gouvernement de ce pays propose également que l’ONU retire la coca de la liste des drogues interdites.
La même théorie peut être appliquée à l’utilisation légale du cannabis qui est traditionnellement développée au Maroc, de l’opium en Afghanistan, et de la culture pour la consommation personnelle de n’importe quel genre de plante et où que ce soit.
Avec le feu vert de la Maison Blanche, l’UNODC et l’UE devraient prendre leur responsabilité et commencer le démantèlement des conventions qui ont transformé le monde en salle de jeu pour le crime organisé. Chaque société devrait avoir le droit d’établir ses propres normes culturellement admises pour contrôler la production et la distribution des substances que les gens désirent consommer, dans le contexte des droits de l’homme.
Par Joep Oomen
Source : Encod