Tandis qu’en France, la gauche molle se donne des accents singeant ceux d’une droite dure dont on a trop goûté le poison, la politique en matière de drogues au niveau international est en pleine ébullition.
Depuis la Grèce qui dépénalisait en septembre l’usage de drogues, en passant par la Pologne en décembre et les intentions fortes du nouveau parlement Basque nouvellement élu en Espagne, la prochaine réunion des instances onusiennes du 9 au 16 mars, à Vienne en Autriche, risque fort d’être agitée et de vivre un moment historique.
On se souvient qu’en 2009 l’Allemagne, au nom d’une coalition de 26 pays, avait prononcé une réserve interprétative de la déclaration finale adoptée par la Commission on Narcotic Drugs (CND). La France avait alors réagi en accusant l’Allemagne d’avoir brisé la position commune de l’UE... De plus, cette année marque le centième anniversaire du traité de La Haye instaurant les bases du système de contrôle international toujours en vigueur aujourd’hui. En outre, les pressions de la société civile seront sans doute suffisamment fortes pour que le changement de politique s’enclenche. A suivre.
Aujourd’hui, au Bundestag.
A l’initiative du Parti de Gauche « Die Linke », une proposition pour légaliser la possession et la culture personnelle de plants de cannabis, notamment dans le cadre d’un « Cannabis Social Club », sera débattue ce mercredi 25 janvier 2012.
Cette discussion s’étendra sur la question de la prévention, celle de la sécurité routière, etc. Franck Tempel, agent de la répression à la retraite, est à l’initiative de cette demande.Dans les médias et l’opinion publique allemande, les choses semblent mal engagées pour que ce débat puisse se tenir sereinement. En effet, les médias alimentent une peur sur les désordres psychotiques dont le cannabis serait la cause, en se référant à une étude allemande portant sur 200 cas, tandis qu’il est impossible d’attirer l’attention sur une étude anglaise portant sur 6000 cas et concluant qu’il n’y a pas de lien probant.
Une autre idée en vogue qui pourrit bien l’ambiance : il existerait un « nouveau cannabis plus puissant » qui serait dangereux.Le correspondant de Cannabis Sans Frontières à Berlin modère son enthousiasme : « On peut douter du bon déroulement de cette réunion.
Au départ, de bons intervenants semblaient invités, mais le panel a évolué en repoussant la participation d’éléments modérés sur la question des drogues, au bénéfice par exemple du Dr Thomasis, un acteur de la prévention n’entrevoyant la question qu’au travers de sa clinique soignant des personnes en situation de dépendance.
Il est capable de revenir à la charge avec cette fumeuse « théorie de l’escalade » et rejette catégoriquement que des millions de gens vivent sans problème ».« Heureusement, » conclue-t-il « la présence de Nicole Krumdiek qui a fait un doctorat pour analyser la prohibition et celle de Georg Wurth de l’association Handverband eek Hanfverband rassurera ceux qui espèrent un changement de politique ».
Demain peut-être au Congrès des Etats Unis d’Amérique.
Dans le même temps, aux Etats Unis, deux représentants au Congrès, Barney Frank et Ron Paul (candidat à l’investiture Républicaine) tentent pour leur dernière année de mandat de relancer leur proposition de loi visant à la légalisation du cannabis au niveau fédéral.
Ces deux alliés de la Drug Policy Alliance veulent autoriser les Etats qui le souhaitent à mener leur propre politique en matière de cannabis, sans risquer d’interférence avec les lois fédérales.En vue de soutenir cette proposition, la DPA appelle l’ensemble de ses membres à contacter et convaincre d’autres représentants au Congrès pour signer et soutenir cette proposition de loi.
Bill Piper, directeur de la DPA, déclare à ce propos : « C’est même un moment historique qui pourrait se produire, si tous ceux qui depuis si longtemps attendent une modification de la loi fédérale se mobilisaient et faisaient entendre leurs voix, afin que d’autres aient le courage de se lever pour porter cette proposition de bon sens.
On peut obtenir pour de vrai la légalisation du cannabis, alors agissons maintenant ».Ajoutons qu’il se pourrait que d’ici la fin de l’année 2012, 12 nouveaux états rejoignent la liste des 16 disposant d’une législation favorable à l’usage thérapeutique du cannabis, ils deviendraient ainsi la majorité, 28 sur 51. Une bonne raison pour que la proposition de loi des congressistes soit plus sérieusement suivie.
Contact Presse : Farid Ghehiouèche 06 14 81 56 79
Sources:Cannabis-sans-frontière