Le journaliste d’investigation Doug Fine, auteur d’un livre-enquête sur le cannabis aux Etats-Unis intitulé Too High to Fail, a expliqué au site boingboing pourquoi le pays était mur pour légaliser la marijuana et profiter de cette nouvelle économie verte qui lui tend les bras.
Si le débat autour de la dépénalisation et la légalisation du cannabis n’a pas beaucoup avancé en France malgré l’élection de François Hollande, les Etats-Unis semble de plus en plus prêts à franchir le pas, d’après l’enquête publiée par Doug Fine,
Too High to Fail. Le titre est un clin d’œil au fameux "Too Big to Fail" dont on affuble des grandes entreprises qui ont connu des difficultés depuis le début de la crise. Too High to Fail part lui du principe qu’il n’y a pas d’autres d’issue que de légaliser la marijuana, drogue trop consommée et offrant trop de perspectives économiques pour qu’on continue à la maintenir dans un système de prohibition dont l’échec n’est plus à démontrer.
Dans une série de témoignages, Doug Fine présente différents aspects de la plante au fil d’une saison à Mendocino County, en Californie, un comté de moins de 90 000 habitants où le cannabis représente 80% de l’économie locale avec une recette annuelle allant jusqu’à 6 milliards de dollars. Là-bas, il a rencontré toutes sortes de gens : le patient qui se soigne à la beuh, le cultivateur, le juriste, les experts des médias, le sheriff "cannabis friendly".
Oui, il faut légaliser !
D’après Doug Fine, les Américains veulent en finir avec cette histoire du cannabis. Un sentiment qu’il a rencontré dans les coins les plus reculés des Etats-Unis."La révélation probablement la plus surprenante pour moi après une année passée sur le front de la guerre contre la drogue c’est comment l’Amérique du milieu est pour qu’on fasse la paix avec la drogue – surtout au sujet de la légalisation du cannabis", explique Fine à boingboing. "Un collectif que j’ai étudié, à Orange County (ouais, le terrain de prédilection de Nixon), était composé majoritairement de seniors. Pour ces gens le cannabis n’était pas politique.
C’était un médicament qui fonctionnait contre l’arthrite, le glaucome, la stimulation de l’appétit.
Selon un récent sondage 56% des Américains sont pour qu’on régule le cannabis de la même manière que l’alcool, contre 49% un an plus tôt. Donc on pourrait se rapprocher d’un point de basculement proche de celui qui a mis fin à la prohibition de l’alcool. Et ça m’a surpris."Si une légalisation entraînait certainement une importante perte financière pour le crime organisé (70% de ses revenus), les cultivateurs de cannabis redoutent l’arrivée des grosses entreprises sur le marché.
Le grand gagnant serait l’Etat qui pourrait prélever une taxe importante. Et mieux : le cannabis profiterait aussi aux citoyens américains dans la vie de tous les jours. A défaut de le fumer, ils pourraient s’en servir comme biocarburant pour rouler. La plante serait une alternative au pétrole, si elle n’était pas hors la loi.
Source: Première.fr