L'Académie de médecine aimerait bien que la lutte contre la consommation de cannabis soit au centre des préoccupations du gouvernement. Elle estime que cette substance est très nocive. Trop ? Pour Jean-François Hauteville, infirmier addictologue, son jugement est biaisé par une étude qui manque de rigueur.
L’Académie de médecine estime que les mesures prises par les autorités sont insuffisantes et demande à ce que la lutte contre la consommation de cette drogue devienne une cause nationale. Elle a pris mardi dernier une position très forte dans le débat sur le cannabis estimant que ce problème soit érigé "au rang de cause nationale". "Le THC induit des troubles de l'attention, de la mémoire, et des fonctions exécutives", souligne le Dr Alain Dervaux du service d'Addictologie de l'Hôpital Sainte-Anne, (Paris).
"Le risque de schizophrénie existe, (multiplié par deux), en particulier chez des sujets prédisposés, (terrain génétique), pour ceux qui débutent avant 15 ans et pour les gros consommateurs", ajoute-t-il.
"Bad trip" n'est pas schizophrénie
Sauf que… Malgré une augmentation, du nombre de consommateurs et surtout d’expérimentateurs, la prévalence de la schizophrénie en France n’a pas augmenté… Cherchez l’erreur ! Dans une enquête menée auprès de 3.807 étudiants français, à paraître dans la revue Molecular Psychiatry d'Avril, 44 % déclarent avoir déjà consommé du cannabis, et un sur cinq avoir expérimenté des symptômes de psychose à cette occasion. Sauf que…
Ce qu’ils appellent "des symptômes de psychose" sont bien connus et couramment nommés par les usagers des "bad trips", (mauvais délire) : et sauf que… Ces effets secondaires liés au THC sont pour la plupart du temps passagers et ont plutôt un effet dissuasif sur des reconsommations éventuelles.
Croire à un monde sans drogues, ce serait croire au Père Noël
Alors oui, entrons en guerre, mais ne nous trompons pas d’ennemi. La politique prohibitionniste est une catastrophe et n’a mené à rien, si ce n’est une flambée des consommations, avec des budgets alloués à la répression ayant considérablement augmenté, et à remplir des prisons déjà surchargées.
"La folie, c'est de se comporter de la même manière et s'attendre un résultat différent", nous disait Einstein. L’interdiction ne fonctionne pas, elle stigmatise les consommateurs en les empêchant parfois (souvent) de venir en soins. La loi de 1970 relative à la consommation de stupéfiants est depuis longtemps dépassée. Les risques d'accoutumance physique au cannabis sont bien moins importants que l’alcool par exemple, sans en ignorer sa toxicité. Vivre dans un monde où les drogues seraient absentes revient à croire encore au Père Noël !
Les Alcooliques anonymes n'existeraient pas si l'alcool était prohibé
Alors oui je l’ai déjà dit et je le répète à nouveau, la seule solution (qui peut apparaître paradoxale) pour lutter contre le cannabis reste sa dépénalisation et sa légalisation ! Nous éviterons ainsi de stigmatiser les consommateurs, l’argent déversé à flots pour la répression pourrait nous servir à mettre en place une vraie politique de prévention.
Pensez-vous que les associations d’anciens buveurs comme les Alcooliques Anonymes, Vie Libre…, existeraient si l’alcool était prohibé ? Non et pourtant ils sont un rouage quasi essentiel dans les prises en charges ! Et non, bien évidemment, légaliser ne fera pas flamber la consommation. Il est partout, dans les villes comme dans les campagnes. N’importe quelle personne peut en acheter à n’importe quel coin de rue. Et il achète, de plus, un produit frelaté, coupé avec des produits encore plus toxiques que le cannabis.
Légaliser, c’est encadrer, contrôler et prévenir, sans peur de la loi pour les personnes potentiellement en difficulté, (et qui le sont d’ailleurs déjà !). La France, (la plus répressive en Europe), reste pourtant le premier pays consommateur… Cherchez encore l’erreur !