Patrick ira déclarer son association en préfecture de Limoges le 25 mars. Il utilise beaucoup cet outil, un vaporisateur. Le but consiste à chauffer l’herbe dans la bulle de verre à une température en dessous du seuil de combustion. Cela évite d’absorber du goudron. - Pascal Lachenaud
Le Cannabis Social Club de France a été officiellement créé le 4 mars dernier dans l’Indre-et-Loire. Un collectif où figurent deux habitants du Limousin.
Ce n’est certainement pas avec un pétard entre les doigts qu’ils vont s’asseoir autour d’une table. Mais qu’ils soient adeptes du joint ou au contraire réfractaires, tous ceux qui ont un avis sur la question sont désormais invités à débattre, une fois n’est pas coutume, sur la possible dépénalisation, voire sur la légalisation du cannabis en France.
La création d’une fédération, nommée Cannabis Social Club Français, le 4 mars dernier, dans l’Indre-et-Loire, est en tout cas censée relancer le débat.
Et pour que chacun prenne position dans tout l’hexagone, la fédération compte bien faire parler d’elle dans l’ensemble des départements français en demandant aux membres, d’aller déclarer localement leur association.
Le 25 mars prochain, deux fumeurs du Limousin vont ainsi se rendre dans leurs préfectures respectives, à Limoges et Guéret. Ils font tous les deux partie des douze membres du Cannabis Social Club Français. En Haute-Vienne, Patrick (*) avoue qu’il s’agit « d’une démarche militante et qu’il est las d’avoir à se cacher » (voir ci-dessous).
Pour la Creuse, c’est Francis Dubut, un habitant de Fransèches, qui effectuera cette démarche.
« Nous en avons marre de vivre dans la clandestinité. C’est une réelle hypocrisie, plein de gens fument et la loi n’est de toute façon pas appliquée. Moi-même j’ai été condamné à une simple amende avec sursis, les gendarmes ayant trouvé chez moi 41 pieds, alors qu’une dizaine de pieds femelles étaient bons à la consommation. »
« Je fumais même au boulot »
« J’ai commencé à 18 ans puis c’est devenu quotidien. Depuis une quinzaine d’années, je fume matin et soir, indique ce préretraité. Même au boulot. Dans l’entreprise audiovisuelle, où je travaillais jusqu’en 2010, tous les midis après les repas, on prenait un pétard ».
Fumette responsable
Au regard d’une pratique qu’ils disent désormais courante dans la société, les Cannabis Social Club militent pour une dépénalisation et une pratique encadrées. Ils ne veulent surtout pas que leur club devienne un coffee-shop avec accès libre à l’herbe pour tout le monde.
Ils prônent un contrôle sur la qualité du cannabis, n’autorisent le statut de membre qu’aux personnes majeures et n’hésiteront pas non plus à dépister les usages dits problématiques pour, comme l’indique la charte, les « orienter vers les professionnels compétents. » Une fumette responsable en somme.
Franck Lagier
(*) Patrick a préféré donner son second prénom plutôt que dévoiler son identité.