Quatre jeunes consommateurs de cannabis ont été condamnés hier après une expédition punitive menée contre un étudiant, cultivateur d'herbe qui avait été séquestré.
Deux des quatre garçons qui avaient bâillonné et séquestré un jeune étudiant cultivateur d'herbe de cannabis, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, à Toulouse, avenue Jean-Rieux, ont été lourdement condamnés pour vols et violences aggravées, hier par le tribunal correctionnel.
Décrit comme l'instigateur de l'expédition punitive, Teddy, 21 ans, a écopé de deux ans de prison ferme, tout comme Kévin, 21 ans, qui, lui, a été condamné à deux ans d'emprisonnement assortis d'une peine de 12 mois de révocation d'un sursis antérieur.
La victime, âgée d'une vingtaine d'années, a expliqué son long calvaire hier à la barre.
Long calvaire
« D'abord, Teddy est venu chez moi vers minuit. Il tremblait, il avait bu et envoyait des textos. Lorsque je l'ai raccompagné à la porte pour sortir, des individus me sont tombés dessus. » Une agression préparée pour seulement « voler les pieds de cannabis cultivés dans son appartement », assurent les quatre prévenus, tous consommateurs d'herbe. La raison ? « Parce qu'il a refusé de me dépanner un jour, alors que pendant longtemps on avait l'habitude d'acheter en groupe entre 200 à 300 € d'herbe par semaine », explique Teddy.
Malmené et probablement frappé, ce que les prévenus contestent, l'étudiant propriétaire d'un T2 de 50 mètres carrés très bien tenu est bâillonné, pieds et poings liés et maintenu attaché dans sa salle de bain. Pendant de ce temps, ses agresseurs remplissent les sacs de pieds de cannabis installés sous une serre spécialement conçue. L'étudiant, choqué, reçoit une giclée de gaz lacrymogène de la part d'un des voleurs venu chez lui avec une matraque télescopique, « au cas où… » Traumatisée, la victime réussit à défaire ses liens pendant que ses agresseurs s'échappent en emportant également un chéquier, une montre et de l'argent.
Trois jours plus tard, l'étudiant se décide à porter plainte. « J'ai longtemps hésité car je pensais que les produits illicites retrouvés chez moi allaient me causer des ennuis. Finalement j'ai décidé de tout dénoncer », dit-il à la barre. Ce garçon, qui nie être un trafiquant de drogue, s'expose forcément à des poursuites pour détention de produits stupéfiants. Depuis cette affaire, il n'arrive plus à réintégrer son domicile en raison du traumatisme subi. Un choc et un statut de victime dont ces agresseurs ont pris conscience hier. Dans un exercice sincère de repentance collective, les quatre prévenus se sont excusés plaidant « l'erreur de jeunesse. »
« Méthodes de voyous »
Teddy et Kevin, ont été les plus lourdement condamnés au delà même des réquisitions de la procueure Claudine Viaud qui a assimilé ces actes de « méthode de voyous et de lâches. » Les faits de violence rapportés par la victime sont contestés par la défense.
Selon Me Séverine Bouchaib, qui défendait Teddy, « on ne peut pas parler de passage à tabac alors qu'il n'y a aucune lésion et que l'ITT est d'un jour. » Les deux autres prévenus, Thomas et Florian, 21 ans, défendus par Me Gilles Guiraud, ont été condamnés à une peine mixte dont huit mois de prison ferme sans mandat de dépôt. Ils sont repartis libres. Le cinquième individu, mineur, a été présenté devant un juge et a été placé sous contrôle judiciaire.
Photo DDM, archives.
Source:La Dépêche