Tribunal de Béziers : Malgré les quantités, la justice a cru à la sincérité des explications des six prévenus plutôt atypiques.
Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Béziers, se retrouvaient six primo délinquants très atypiques en matière de stupéfiants. Ils habitent tous à Fraisse-sur-Agout. Un couple âgé d’une bonne trentaine d’années et les quatre autres entre 47 et 67 ans. Il leur est reproché d’avoir cultivé et consommé du cannabis.
Une récolte en kilo
Les quantités sont impressionnantes à la lecture du procès-verbal : 1,5 kg dans cette famille, 1,350 kg chez ce monsieur, 1,4 kg et 120 branches chez ce couple ou 83 branches et 587 g d’herbes chez le dernier.
En fait, les gendarmes avaient suivi ces six personnes suite à une dénonciation anonyme qui les accusait de cultiver et d’approvisionner le village. Les enquêteurs ont patiemment attendu la récolte, en septembre, tout en écoutant les conversations téléphoniques des suspects. Des gens qui ont une vie sociale très active au village puisque retraité, vendeurs de hamacs sur les festivals comme à Avignon ou agriculteurs et parents d’élèves, ils prônent aussi une certaine philosophie de vie proche de la nature.
Ils reconnaissent les faits
Les six prévenus reconnaissent la culture et la consommation. L’un a pris cette habitude de fumer depuis l’âge de 17 ans, il cultive car il ne veut pas "fréquenter les dealers, ni acheter de mauvais produits". Un autre, "prend son cannabis en tisane pour son emphysème". L’agriculteur reconnaît consommer pour se détendre car "c’est mieux que les antidépresseurs". Enfin, les femmes fument "très occasionnellement". Ils nient formellement avoir vendu ou même cédé à des amis.
D’ailleurs, aucune charge en ce sens n’a été retenue. Même la balance, instrument incontournable de tout dealer, qui a été retrouvée, sert à leur activité commerciale de vente de hamacs. Elle est même contrôlée par une société assermentée. Et l’homme explique à la présidente que le hamac se vend au poids puisqu’il est impossible de le mesurer et de compter le nombre de fils qui le compose.
Quatre relaxes et deux amendes avec sursis
Et de toutes ces explications, le tribunal va y faire droit. Les deux femmes sont relaxées, simplement. Deux hommes sont relaxés mais pour un vice dans la procédure. Les plants retrouvés chez eux n’ont pas été analysés pour vérifier qu’il s’agissait bien de la plante contenant le principe actif. Enfin, pour les deux derniers, ils sont condamnés comme simples consommateurs, à 300 € d’amende avec sursis. Comme le dira leur avocat, Me Darrigrand : "À Fraisse, la montagne de l’Hérault a accouché d’une souricette."
Source: Midi libre