Face à une opinion publique de plus en plus favorable à la légalisation de la marijuana, le gouvernement fédéral joue double jeu. Il permet à certains Etats d'adopter une législation favorable au cannabis, mais coupe l'eau à ses producteurs.
Alors que l'Etat de Washington est devenu le second Etat à mettre en oeuvre la vente légale de marijuana à usage récréatif le 8 juillet, la position du gouvernement fédéral est plus que jamais ambigue. D'un côté, le gouvernement Obama "s'est engagé à respecter la législation des Etats" qui ont légalisé le cannabis, raconte le quotidien USA Today. Mais d'un autre, il a déclaré la guerre aux jeunes industries de la drogue en usant d'une arme redoutable : l'eau.
Le gouvernement refuse en effet d'alimenter en eau les producteurs de cannabis. L'Etat fédéral a depuis le début du XXe siècle pris le contrôle d'une grande part du secteur de distribution de l'eau : dans l'Etat de Washington, deux tiers des terres irriguées sont alimentées par l'Etat fédéral.
Ce refus s'impose, selon les autorités, au vu de la législation fédérale anti-drogue [le Controlled Substances Act, CSA], qui interdit toujours la production et la distribution de marijuana, même si son application a été récemment assouplie.
Pour USA Today, le gouvernement joue double jeu : il ne veut pas s'opposer ouvertement à l'opinion publique, qui est aujourd'hui majoritairement favorable à une légalisation du cannabis (55 % de la population). Mais il met toujours des bâtons dans les roues des producteurs.
Cette ambiguïté se retrouve sur la question des banques. Rares sont celles qui acceptent de traiter avec l'industrie du cannabis, car la loi fédérale l'interdit. En février dernier, le gouvernement a indiqué que les banques pourraient désormais fournir des services aux entreprises du secteur, à certaines conditions. Mais d'après l'hebdomadaire The Christian Science Monitor, la plupart des établissements estiment que ces directives sont trop vagues et que les risques juridiques restent trop grands. Ainsi, beaucoup d'entrepreneurs du cannabis demeurent contraints de faire des affaires en cash.
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