L’expérimentation néerlandaise de production légale de cannabis accuse de nouveaux retards
Publié
il y a 2 jours
le
4 novembre 2022
Par
Aurélien BERNARD
Les producteurs de cannabis qui ont été sélectionnés pour participer aux essais de culture contrôlée de cannabis aux Pays-Bas ont informé le gouvernement néerlandais qu’ils ne seront pas prêts à commencer au début de l’année prochaine comme le gouvernement le prévoyait.
L’expérience aurait dû commencer en 2021. Les producteurs désignés disent maintenant que la fin de l’année prochaine est une date plus probable.
L’objectif du projet, lancé il y a cinq ans, est de supprimer la zone grise entre les coffee shops et la culture illégale.
Le parti de la coalition D66 était particulièrement enthousiaste à l’égard de ce projet, dont les députés pensaient qu’il réduirait le rôle du crime organisé dans le circuit des drogues douces.
Dix villes – Arnhem, Almere, Breda, Groningen, Heerlen, Hellevoetsluis, Maastricht, Nijmegen, Tilburg et Zaanstad – ont finalement accepté et dix cultivateurs se sont engagés à fournir une large gamme de produits à base de cannabis.
Pour l’instant, certains cultivateurs n’ont pas pu obtenir de compte bancaire, car les banques craignent le blanchiment d’argent et le soutien à des comportements criminels. Les prix élevés de l’énergie, les retards au niveau de l’approvisionnement et les problèmes liés au système de suivi et de traçabilité qui permettra de contrôler la destination et la vente des produits au cannabis sont également à l’origine de difficultés, selon la lettre qu’a pu consulter le média NRC.
Le gouvernement néerlandais a réagi auprès de NRC et précisé qu’ils discutaient avec les banques au sujet des comptes bancaires, sans pour autant s’engager à débloquer le sujet, et qu’ils ne partageaient pas les préoccupations concernant le système de suivi qui serait opérationnel.
De plus amples informations sur la poursuite de l’expérimentation seront publiées en décembre par le gouvernement néerlandais.
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Île Maurice : une avancée considérable dans la légalisation du cannabis médical
on novembre 5, 20220 Commenton Île Maurice : une avancée considérable dans la légalisation du cannabis médibyMeghan
La législation entourant la consommation de cannabis à usage personnel est en cours d’évolution à l’île Maurice. En effet, le ministère de la Santé a récemment organisé un comité technique durant lequel les discussions sur une potentielle utilisation thérapeutique de la substance ont été poursuivies. Dans quelle mesure et sous quelle forme le cannabis pourra-t-il être consommé sur l’île ?
Les bienfaits du CBD
Également appelé cannabidiol, le CBD est une molécule du cannabis (ou chanvre), au même titre que le THC. Toutefois, ce dernier est considéré comme un stupéfiant et implique le risque de développement d’une addiction chez son consommateur, qui recherche un puissant effet planant. Le CBD, en revanche, se révèle être un antidote efficace contre certaines douleurs, mais aussi contre les problèmes de sommeil grâce à ses propriétés relaxantes. Consommé en huile, en gélules ou en infusion, le CBD constitue un véritable allié au quotidien pour des problèmes variés :
Anti-inflammatoire, il soulage les douleurs articulaires et musculaires.
Il améliore la qualité du sommeil.
Il réduit le stress et l’anxiété de façon considérable.
Sous forme de crème, le CBD apaise les problèmes de peau tels que l’acné, le psoriasis, l’eczéma et autres éruptions cutanées.
Les douleurs menstruelles et les troubles liés à la ménopause sont diminués.
L’action sédative du CBD permet un impact positif sur certains troubles neurologiques.
Bien entendu, plusieurs de ces effets du CBD sont encore le sujet d’une étude médicale ; il convient donc de prendre des précautions sur ce type d’information. N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé, qui saura vous guider et déterminer si l’usage du CBD est adapté à votre situation ou votre pathologie.
Un sujet sensible à l’île Maurice
La lutte contre les drogues et stupéfiants est au cœur des préoccupations des autorités mauriciennes. En effet, jusqu’à maintenant, la possession et la consommation de cannabis faisaient l’objet d’une interpellation. Or, les instances de justice croulent sous les dossiers qui créent un embouteillage administratif et judiciaire d’une telle envergure que les trafiquants ont le champ libre pour faire entrer d’autres substances bien plus dangereuses pour la population.
Parallèlement au projet de légalisation du cannabis à usage médical, l’île Maurice envisage alors un assouplissement des peines infligées aux consommateurs occasionnels d’herbe ou de cannabis, mis en application dès le début de l’année 2023. Toutefois, ces nouvelles mesures ne concerneront pas l’intégralité de la population mauricienne ; les citoyens présentant un casier judiciaire ou se trouvant en liberté conditionnelle, ainsi que les fonctionnaires, ne pourront pas bénéficier de cette nouvelle législation.
Cannabis à usage médical : quels impacts sur l’économie mauricienne ?
L’île Maurice est un pays producteur de cannabis. L’huile de chanvre, notamment, est particulièrement employée dans les secteurs de la cosmétique et de la parapharmacie. De plus, les fibres de la fleur de cannabis sont utilisées dans l’industrie textile, qui nécessite également ses graines. La légalisation progressive du cannabis à des fins thérapeutiques représenterait alors une opportunité majeure pour le développement économique local, avec la possibilité d’accéder à de nombreux emplois nouvellement créés.
Bientôt débattue au Parlement, la légalisation du cannabis thérapeutique pourrait soulager de nombreux patients contraints de supporter de lourds traitements et protocoles médicaux.
Au milieu d’une forte inflation, une chose devient moins chère : le cannabis
Les consommateurs américains continuent de faire face aux prix les plus élevés depuis des décennies pour l’essence et d’autres produits, mais s’ils se trouvent dans un État qui autorise la vente de cannabis, ils paient au moins moins cher pour l’herbe légale.
Au milieu des rivalités de prix – non seulement entre les sociétés de cannabis légales mais aussi contre les ventes du marché illicite – le coût du pot en gros a chuté et l’offre a grimpé.
La preuve est claire dans le plus grand marché légal du cannabis du pays, la Californie, qui a enregistré un énorme chiffre d’affaires d’un milliard de dollars au cours de la dernière année.
La Californie a vu les prix du cannabis aussi bas que 100 dollars la livre, une fraction du coût moyen de 786 dollars pour une livre séchée et non taillée dans l’État, selon un rapport publié mardi par Leafly.
Alors que les agriculteurs californiens ont augmenté leur production de pots de 63 tonnes métriques, la valeur de la récolte de mauvaises herbes de l’État a chuté face à la concurrence des prix.
“Les consommateurs voient des aubaines sans précédent en 2022, avec des huitièmes de vente au détail de 20 $ [of an ounce] maintenant la norme », a déclaré Leafy dans son rapport sur la récolte de cannabis.
https://www.newscientist.com/article/2321524-legalised-cannabis-in-canada-and-us-hasnt-killed-illegal-market/
TRADUIT PAR GOOGLE
Le cannabis légalisé au Canada et aux États-Unis n'a pas tué le marché illégal
Même lorsque le cannabis est légalisé, certains consommateurs préfèrent toujours s'en tenir à leurs sources illégales habituelles, qui peuvent être moins chères et plus faciles d'accès.
SANTÉ 24 mai 2022
Par Claire Wilson
Plants de cannabis dans une serre d'une installation de Cresco Labs Inc. à Indiantown, en Floride
Eva Marie Uzcategui/Bloomberg via Getty Images
Certains consommateurs de cannabis continuent d'acheter la drogue auprès de sources illégales pendant des années après qu'il est possible de l'acheter dans des magasins légaux et réglementés, car les sources illégales peuvent être moins chères ou plus faciles d'accès, selon une enquête au Canada et aux États-Unis.
Les résultats suggèrent que les décideurs politiques qui veulent éliminer le marché noir du cannabis doivent s'assurer que les nouvelles sources légales sont à des prix compétitifs et largement disponibles.
Le cannabis est récemment devenu légal pour un usage récréatif dans plusieurs pays, dont le Canada, le Mexique et l'Afrique du Sud, ainsi que dans 18 États américains. Les partisans de la légalisation affirment qu'il est moins risqué pour les utilisateurs d'acheter du cannabis dans des magasins réglementés, car leurs produits à base de cannabis sont plus sûrs que ceux des revendeurs illégaux, avec un meilleur étiquetage des doses et des mesures de contrôle de la qualité, et les magasins sont moins susceptibles de vendre aux mineurs.
Mais tous les utilisateurs ne choisissent pas d'acheter dans les magasins réglementés. Le Canada, par exemple, a légalisé le cannabis en 2018, mais en 2020, environ la moitié de tout le cannabis utilisé dans le pays était toujours obtenu illégalement.
La nouvelle enquête, menée auprès de près de 12 000 consommateurs de cannabis au Canada et aux États-Unis, a révélé que le prix était la raison la plus courante pour acheter de l'herbe illégale, citée par environ 35 % des consommateurs au Canada et 27 % aux États-Unis. La commodité était le deuxième facteur le plus courant, cité par 17 à 20 % des répondants dans les deux pays.
L'enquête a été réalisée en 2019 et 2020. En 2020, le prix moyen du cannabis légal au Canada était de 8,04 $ le gramme, comparativement à 6,45 $ pour l'herbe illégale, mais l'écart de prix se rétrécit depuis 2018 et les prix en 2021 étaient de 6,63 $ et 5,52 $, respectivement, selon une étude distincte .
En effet, le nombre de magasins qui vendent du cannabis légal a augmenté au cours des quatre dernières années, explique David Hammond de l'Université de Waterloo en Ontario, au Canada. « C'est juste une fonction de rendre le marché opérationnel. Maintenant, il y a plus de concurrence sur les prix.
Steve Rolles de la Transform Drugs Policy Foundation, une organisation caritative pro-légalisation au Royaume-Uni, affirme que les gens peuvent avoir d'autres raisons de rester avec leur revendeur, notamment la loyauté et l'habitude. « Il existe un système d'approvisionnement établi qui ne disparaît pas du jour au lendemain », dit-il.
Le premier salon du cannabis mis en échec par le ministère de la Santé
L’organisatrice dénonce une «campagne de peur» du MSSS
SIMON BAILLARGEON
Jeudi, 19 mai 2022 20:48MISE À JOUR Jeudi, 19 mai 2022 20:48
L’organisatrice du premier salon du cannabis de Québec dénonce une «campagne de peur» de la part du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), qui l’a forcée à annuler son événement à trois semaines d’avis.
des «vendeurs légaux»
La toute première édition du CanFest devait avoir lieu le 28 mai prochain au Complexe Capitale Hélicoptère (CCH). La visite d’un agent du MSSS au début du mois a cependant tout fait basculer puisque ses mises en garde concernant de possibles amendes salées ont fait en sorte que le CCH a mis un terme au contrat le liant au CanFest.
La présidente de CanEmpire, qui organise l’événement, ne digère pas la façon de faire du MSSS et estime que son organisation est traitée «comme des criminels».
«Le ministère est allé raconter des informations sur notre événement qui n’étaient pas vraies. Il mentionnait [...] qu’on allait faire la promotion du cannabis, que notre événement était illégal, alors qu’aucun avis de non-conformité n’a été remis parce que rien n’a été jugé illégal. C’est seulement selon des prévisions de ce qu’eux croyaient qu’il allait se passer», déplore Awa Diagne.
Festival de cannabis «interdit»
Par courriel, le MSSS a confirmé avoir remis une lettre à CCH en lien avec le CanFest. On y rappelle qu’il est «interdit à quiconque d’associer à une installation... un nom, un logo, un signe distinctif, un dessin, une image ou un slogan associé au cannabis, à une marque de cannabis, à la SQDC ou à un producteur de cannabis. Il en est de même pour l’association à un événement sportif, culturel ou social. Par exemple, il est interdit d’organiser un festival de cannabis», est-il écrit.
Awa Diagne réplique que l’événement se voulait avant tout «éducatif» et comprenait «divers exposants, des conférenciers et des ateliers, dans le but de faire de l’éducation.»
«On a dû se tasser»
Du côté du Complexe Capitale Hélicoptère, on confirme que le passage d’un agent du MSSS les a convaincus de se retirer de l’événement. «Le ministère nous a mis au parfum de la loi encadrant le cannabis. On s’est rendu compte qu’on risquait de recevoir plusieurs [constats] d’infractions», a indiqué sa directrice générale, Stéphanie Huot.
«On a évalué le risque, simplement, et on a pris le temps de réfléchir et on a dû se tasser», a-t-elle ajouté.
Mais pour Mme Diagne, «la loi du cannabis est extrêmement large et laisse beaucoup trop place à l’interprétation.»
«C’est carrément de l’intimidation, d’aller faire des menaces de remettre des amendes de 500 000 $ et de mentionner que notre événement est illégal alors que c’est faux», avance-t-elle.
Elle déplore aussi que le ministère soit entré en contact avec le Centre des congrès de Lévis, qu’elle et son équipe avaient approché pour relocaliser le CanFest, afin de les mettre en garde.
«Toutes les règles étaient respectées»
Mme Diagne peine à comprendre la décision des fonctionnaires de la Santé, surtout que de nombreux changements ont été apportés «afin de respecter la loi.»
«Toutes les règles étaient respectées. On a même été plus prudent que nécessaire. On a coupé énormément de choses par rapport à l’événement qu’on voulait organiser en 2019. [...] On a enlevé tout ce qui touchait au cannabis récréatif. On a coupé tout ce qui pouvait être un problème pour garder le strict minimum.»
Seul l’After-Party a survécu au CanFest et il se tiendra au Centre des congrès de Québec. Un spectacle avec l’humoriste Jérémy Demay, suivi de prestations musicales de Souldia et Alaclair Ensemble sont toujours prévus.
CE QUE DIT LA LOI ENCADRANT LE CANNABIS
Article 52
Il est interdit d’associer à une installation sportive, culturelle ou sociale, à une installation maintenue par un établissement de santé ou de services sociaux ou à un centre de recherche un nom, un logo, un signe distinctif, un dessin, une image ou un slogan associé au cannabis, à une marque de cannabis, à la Société québécoise du cannabis ou à un producteur de cannabis.
Quiconque contrevient aux dispositions du premier alinéa ou du deuxième alinéa commet une infraction et est passible d’une amende de 5 000 $ à 500 000 $. En cas de récidive, ces montants sont portés au double.
Cannabis : Le pays qui ne lutte plus contre la drogue et qui fabrique des épices à base de marijuana
24 juin 2022
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La Thaïlande a distribué des plants de marijuana pour encourager la culture
La Thaïlande a légalisé la culture et la consommation de marijuana ce mois-ci, inversant une approche radicale des longues peines de prison et même de la peine de mort pour les délits liés à la drogue. Le correspondant de la BBC en Asie du Sud-Est, Jonathan Head, rend compte de ce qui se cache derrière ce changement radical.
Il y a 21 ans, j'ai vécu l'une des expériences les plus remarquables de ma carrière de journaliste. Nous avons été invités à regarder et à filmer l'exécution de cinq prisonniers, dont quatre ont été condamnés pour trafic de drogue par un peloton d'exécution à la prison de Bangkwan à Bangkok.
Le regard sur les visages de ces hommes alors qu'ils se dirigeaient vers le pavillon d'exécution - avec le cliquetis des chaînes sur leurs jambes - est quelque chose que je n'oublierai jamais.
Cela faisait partie de la "guerre contre la drogue" menée par le Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui a entraîné la mort de centaines de trafiquants de drogue présumés.
La campagne de Thaksin était populaire. Les Thaïlandais étaient préoccupés par les effets nocifs des drogues comme la méthamphétamine sur leurs communautés - et étaient prêts à ignorer les violations choquantes des droits de l'homme qui accompagnaient la répression violente.
D'autres pays de la région ont suivi la même approche punitive, notamment les Philippines après l'entrée en fonction du président Rodrigo Duterte en 2016. Singapour et la Malaisie appliquent la peine de mort pour trafic de drogue depuis des décennies. Les touristes arrivant en Asie du Sud-Est sont avertis des sanctions sévères auxquelles ils s'exposent s'ils sont pris avec même de petites quantités de marijuana.
Il est difficile de croire, compte tenu de tout cela, que ce que nous avons vu au cours des dernières semaines se passe réellement en Thaïlande.
Les cafés et les stands vendent ouvertement toutes sortes de produits à base de cannabis et affichent des pots de fleurs en pot. Le ministre de la Santé publique Anutin Charnvirakul - architecte de la nouvelle loi - a été vu en train de déguster un plat typique avec une épice à base de marijuana et d'être acclamé par des agriculteurs qui espèrent que cela leur apportera une nouvelle source de revenus.
Lors du même événement, des femmes thaïlandaises âgées se sont amusées à déguster des boissons à base de marijuana et à faire la queue pour obtenir l'une des millions de plantes de marijuana gratuites que le gouvernement offre.
CRÉDIT PHOTO,GETTY IMAGES
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Un festival a célébré la nouvelle loi en distribuant des glaces à la marijuana.
La nouvelle loi semble donner à la Thaïlande ce qui est peut-être l'approche la plus libérale de la marijuana au monde. Les gens peuvent cultiver et consommer autant de plantes qu'ils le souhaitent, bien qu'il y ait des limites à la commercialisation du produit.
"C'est comme un rêve"
"Une chose est claire. Vous ne pouvez plus être arrêté en Thaïlande simplement pour avoir consommé de la marijuana", déclare Tom Kruesopon, un entrepreneur pionnier qui a aidé à persuader le gouvernement de changer son approche. "Vous pouvez aller en prison pour avoir fait d'autres choses comme fumer en public, pour avoir fait une émeute ou pour avoir cultivé et vendu un produit à base de cannabis sans l'approbation de l'Office des aliments et des drogues. Mais la Thaïlande est le premier pays au monde où vous ne pouvez pas aller en prison pour avoir cultivé ou consommé la plante."
"C'est comme un rêve pour nous. Nous n'aurions jamais pensé que nous arriverions aussi loin en Thaïlande", déclare Rattapon Sanrak, qui a commencé à faire campagne pour la légalisation de la marijuana après avoir découvert ses avantages médicaux pendant ses études aux États-Unis.
Deux grands-parents, son père et sa mère sont morts d'un cancer. De retour des États-Unis pour s'occuper de sa mère, il a tenté en vain de la convaincre d'utiliser des produits à base de cannabis pour soulager sa douleur et n'a pas pu avoir accès à des substances considérées comme illégales à l'époque.
Qu'est-ce qui explique ce revirement spectaculaire de la politique antidrogue dans un pays dirigé par l'armée conservatrice ?
Une partie de la raison est la politique partisane. Anutin a fait de la légalisation de la marijuana la principale politique de son parti lors des élections de 2019. La plus grande circonscription du parti se trouve dans le nord-est rural pauvre de la Thaïlande, et la nouvelle politique en matière de drogue a attiré des agriculteurs qui vivent difficilement de la culture du riz et du sucre, et ils ont besoin d'un nouveau type de recadrer.
Anutin a prononcé un discours plus tôt ce mois-ci à sa base politique dans la région de Buriram dans lequel il a parlé de la nouvelle loi et a déclaré qu'il avait tenu ses promesses. Il croit aux avantages médicaux de la légalisation, permettant aux Thaïlandais les plus pauvres de développer leurs propres traitements plutôt que d'avoir à payer pour des produits chimiques coûteux.
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Le ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, est l'un des plus grands défenseurs de la loi
L'évolution de la politique antidrogue est également liée au monde des affaires. Kruesopon estime que le commerce du cannabis générera 10 milliards de dollars au cours de ses trois premières années, sans compter le tourisme lié au cannabis, où les gens viennent en Thaïlande spécifiquement pour des thérapies et des traitements utilisant des extraits de cannabis.
Kruesopon a ouvert la première clinique à Bangkok qui se concentre exclusivement sur ce type de traitement. Certaines des plus grandes entreprises thaïlandaises cherchent déjà des moyens de tirer profit de l'économie de la marijuana.
En libéralisant aussi rapidement et complètement la loi, le gouvernement espère prendre de l'avance sur ses pays voisins, dont beaucoup hésitent encore à suivre la voie tracée par la Thaïlande.
Mais il y a un troisième facteur derrière la nouvelle politique sur la marijuana : il y a eu une réflexion sur l'approche radicale de la consommation de drogue, qui a commencé il y a sept ans, à une époque où la Thaïlande était gouvernée par une junte militaire.
Le pays possède certaines des prisons les plus surpeuplées au monde et les trois quarts des détenus sont détenus pour des délits liés à la drogue, dont beaucoup sont considérés comme des délits mineurs. Cela a non seulement suscité des critiques internationales sur les mauvaises conditions dans lesquelles vivent les prisonniers, mais cela a également coûté de l'argent au gouvernement.
En 2016, un ministre de la Justice militaire, le général Paiboon Kumchaya, a annoncé que la guerre contre la drogue avait échoué et qu'une autre méthode moins punitive pour lutter contre l'abus de stupéfiants était nécessaire.
Lorsqu'Anutin a présenté sa politique sur la marijuana, avec tous ses avantages économiques alléchants, il a trouvé qu'il y avait matière à discussion - bien qu'il ait dit qu'il lui fallait encore beaucoup d'efforts pour aller de l'avant. Une autre conséquence de la modification de la loi est que plus de 4 000 personnes accusées de cannabis sont libérées de prison.
Le gouvernement n'était pas préparé au soutien enthousiaste que sa politique en matière de drogue a reçu dans toute la Thaïlande depuis l'adoption de la nouvelle loi.
Poulet à la marijuana
La plante apparaît désormais partout : dans les glaces, ornant les plats thaïlandais classiques et dans les nouvelles recettes de smoothies. Il y a même une vente de viande de poulets qui auraient été nourris au cannabis. La nouvelle loi légalise pratiquement tout ce qui concerne le cannabis.
Le gouvernement est en train de rédiger des réglementations supplémentaires sur son utilisation. Officiellement, leur position est que la loi n'autorise l'usage du cannabis qu'à des fins médicales et non récréatives, mais il est difficile de comprendre comment les autorités feront cette distinction.
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Chidchanok Chidchob prend soin de ses plants de marijuana à Buriram
"Nous savons tous, en étudiant d'autres marchés, que l'argent réel est utilisé à des fins récréatives", déclare Chidchanok Chitchob, qui se dit passionné de marijuana. Son père, une personnalité politique puissante de Buriram, a été l'un des premiers à sauter dans le train de la marijuana thaïlandaise. "Je pense que c'est un bon pas dans cette direction, si nous y pensons vraiment comme un bon produit pour l'économie."
Elle expérimente différentes variétés de plantes pour aider les agriculteurs locaux à cultiver les bons types pour leur région.
Kruesopon dit qu'il ne voit aucun problème avec plus de réglementation. Il préconise la vente de marijuana uniquement auprès de vendeurs autorisés, avec une ordonnance, et jamais à des personnes de moins de 18 ans.
"Vous n'avez pas à trop réfléchir à ces choses. Ce qui s'applique déjà aux cigarettes peut être utilisé pour le cannabis. Il existe déjà des lois pour aider à contrôler la consommation de cigarettes et d'alcool - utilisez simplement les mêmes lois."
Il s'agit d'une étape inhabituelle et audacieuse du gouvernement thaïlandais vers un nouveau monde courageux. Le reste de la région regarde pour voir si la légalisation porte ses fruits.
Avec l’entrée en fonction d’une agence créée ad hoc, le Maroc devient régulateur d’un marché du cannabis qui, jusque-là, lui échappait.
En ligne de mire, l’amélioration du quotidien des cultivateurs de “kif”, maillon faible de ce commerce. L’assouplissement ne concerne cependant que les usages médicaux et industriels, et non pas celui récréatif, de la plante.
Un villageois marche dans une plantation de cannabis, dans le nord du Rif, au Maroc, le 2 septembre 2019. Photo Fadel Senna/AFP
L’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac) a tenu, le 2 juin, son premier conseil d’administration, au sein duquel siégeaient plusieurs ministres, rapporte le magazine marocain TelQuel. La nouvelle structure aura pour mission de réguler le marché du cannabis, de la culture à l’exportation, suivant la politique de l’État.
À lire aussi : Kif. Au Maroc, l’heure de la dépénalisation du cannabis est-elle enfin arrivée ?
Il y a un an, le Maroc a adopté une loi autorisant “les usages licites du cannabis médical, cosmétique et industriel”, dont il espère qu’elle permettra aux cultivateurs de kif de devenir les “Goliath” du nouveau business licite, selon le terme utilisé par TelQuel. Pour l’instant, le dispositif mis en place par l’État concerne les provinces d’Al-Hoceima, de Chefchaouen et de Taounate, dans le nord du pays. D’après les chiffres de l’ONU, cités par Yabiladi, le Maroc est le premier producteur mondial de résine de cannabis.
Création d’emplois et protection des paysans
L’agence devrait lancer les démarches permettant à des opérateurs économiques nationaux et internationaux de se positionner sur le marché d’exploitation du cannabis dans ces régions, à des fins médicales et industrielles – pas récréatives. Le laboratoire pharmaceutique marocain Pharma 5 aurait même pris l’initiative de proposer un projet aux autorités.
Concrètement, cette ouverture se traduira probablement par “l’installation d’unités industrielles à proximité des champs de chanvre”, explique TelQuel. Des discussions entre le ministère de l’Intérieur et les parties prenantes seraient d’ores et déjà en cours, en attendant la naissance du premier projet concret.
Outre la création d’emplois, le ministère de l’Intérieur estime que les revenus d’exportation générés par le marché licite du kif oscilleraient entre 4,2 et 6,3 milliards de dollars à l’horizon 2028.
Un marché juteux que l’État voudrait voir profiter aussi aux paysans, qui sont souvent le maillon faible du commerce illicite. “Traditionnellement, les paysans revendeurs de résine aux trafiquants n’obtenaient que 4 % du chiffre d’affaires réalisé par la filière clandestine”, indique le journal marocain. Le gouvernement espère porter ce taux à 12 % en “mettant le rapport de force et le pouvoir de négociation du côté des agriculteurs locaux”. Le Maroc entend “libérer les agriculteurs de l’emprise des trafiquants et des réseaux mafieux”.
D’après l’institut d’études Prohibition Partners, cité par Tel Quel dans un autre article, la culture et le commerce du cannabis feraient vivre entre 90 000 et 140 000 familles au Maroc.
Par Malik Ben Salem
La marijuana est légalisée, mais les licences tardent: idéal pour un Far West de la weed.
Un homme célèbre la légalisation du cannabis à New York, le premier mai 2021. | Angela Weiss / AFP
Le 30 mars 2021, New York est devenu le quinzième État des États-Unis à autoriser l'achat, la possession et la culture du cannabis pour l'ensemble des citoyens de plus de 21 ans. Pourtant, près d'un an plus tard, les autorités n'ont pas attribué une seule licence autorisant officiellement le commerce récréatif de la plante.
Bien entendu, cela n'a pas empêché certains entrepreneurs de démarrer leur business, créant de fait un immense «marché gris». Des dizaines de dispensaires vendent leur produit dans un flou juridique complet alors que les autorités menacent de sanctions, mais que la police n'intervient pas.
Pour nombre d'entre eux, le jeu en vaut la chandelle. Le marché new-yorkais pourrait peser jusqu'à 4,2 milliards de dollars (3,71 milliards d'euros) d'ici cinq ans, estime Forbes.
Et, pour l'instant, la semi-légalité de l'industrie locale garde les géants du secteur comme Curaleaf et Green Thumb (respectivement 889 et 650 millions d'euros de revenus lors des trois premiers trimestres 2021) dans l'expectative.
«On a vu, État après État, où les gros poissons arrivent et accaparent tout le marché et où les petits se font avoir à chaque fois», argumente Lenore Elfland, qui tient Empire Cannabis Club, un dispensaire situé à Manhattan. Mieux vaut occuper le terrain dès maintenant, quitte à prendre de sérieux risques.
Techniques de vente créatives
En théorie, la vente de cannabis sans licence n'est pas légale. «Les contrevenants doivent arrêter leurs activités immédiatement ou faire face aux conséquences», insiste Tremaine Wright, le directeur du Cannabis Control Board.
Afin d'éviter la fermeture, certains dispensaires se montrent créatifs. Chez Empire, la clientèle doit acheter une carte de membre d'une durée de 24 heures, qui leur offre l'accès à un catalogue de marijuana. Chez Uncle Budd, il est possible d'effectuer un don et de recevoir, en échange, du cannabis en cadeau.
Le Cannabis Control Board ne l'entend pas de cette oreille. En février, il a distribué les mises en demeure prévenant que les contrevenants risquaient au mieux de se voir interdits de licence lorsqu'elles seront distribuées et, au pire, de s'exposer à des poursuites pénales. Mais les dealers semi-légaux ne comptent pas se laisser faire, et prendre leur part du space cake.
États-Unis. Amazon soutient la légalisation du cannabis, ses lobbyistes vont-ils entrer en jeu ?
Alors qu’Amazon a annoncé, le 1er juillet, soutenir le projet de loi pour la légalisation de la marijuana aux États-Unis, de nombreux défenseurs attendent que les lobbyistes du géant de l’e-commerce fassent pression sur Washington.
Amazon n'a pas indiqué, pour l'instant, si elle se lancera dans le commerce de cannabis s'il est légalisé aux États-Unis. | PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS
Ouest-FranceLéa MORILLONPublié le 20/07/2021 à 23h46
Amazon a annoncé, mardi 1er juillet, soutenir un projet de loi qui légaliserait la marijuana aux États-Unis et effacerait les casiers judiciaires de nombreuses personnes condamnées. Avec cette annonce, le géant de l’e-commerce n’est pas seulement devenu la plus grande entreprise américaine à soutenir la légalisation, elle a également captivé l’industrie du cannabis.
Alors que le projet de loi reste bloqué au Congrès, les militants qui se battent pour une libéralisation des lois sur le cannabis espèrent qu’Amazon passera à l’étape suivante et utilisera son pouvoir et son portefeuille pour faire pencher la balance à Washington.
Les défenseurs de la légalisation comptent sur l’équipe de lobbyistes expérimentés d’Amazon et ses poches profondes pour les aider à lancer des campagnes publicitaires et persuader les parlementaires opposés au projet de loi de changer d’avis.
« Je suis assez déçu que nous n’ayons pas encore vu le moindre mouvement au niveau fédéral », a déclaré à Politico Matthew Schweich, directeur adjoint du Marijuana Policy Project. « Si Amazon était capable d’apporter son soutien politique à la réforme fédérale et de financer des campagnes au niveau des États, ce serait un avantage net pour le mouvement de réforme du cannabis dans ce pays » a-t-il ajouté.
68 % des Américains favorables à la légalisation
Un tiers des Américains vivent actuellement dans un État où le cannabis est ou sera bientôt vendu légalement aux adultes, tandis que 68 % des électeurs sont favorables à la légalisation fédérale, selon un sondage Gallup réalisé en 2020.
Mais au niveau des entreprises américaines et du Congrès, les mentalités changent plus lentement. De nombreuses sociétés - ainsi que le gouvernement fédéral - continuent de soumettre leurs employés à des tests de dépistage de drogues, même dans les États où le cannabis est légal.
Amazon adopte l’une des positions les plus souples sur le cannabis parmi les grands employeurs américains. Elle est favorable à la légalisation et a décidé de ne plus soumettre ses employés à ces tests de dépistage du cannabis, ce qui élargira le bassin d’employés potentiels de l’entreprise.« Nous n’inclurons plus la marijuana dans nos programmes extensifs de test des drogues », a indiqué Dave Clark, patron des opérations mondiales d’Amazon. Comme pour l’alcool, des tests ne seront réalisés qu’en cas d’incident, a posteriori. Les tests préalables vérifient simplement que les salariés sont en état de travailler.
Bien que son infrastructure de livraison en ligne soit inégalée, aucune indication ne laisse envisager, pour l’instant, qu’Amazon se lancera dans le commerce de cannabis s’il est légalisé au niveau national.
CBD: LE MARCHÉ DU CANNABIS LÉGAL POUSSE À GRANDE VITESSE AU ROYAUME-UNI
Malgré des interrogations sur son efficacité et une réglementation longtemps défaillante, le marché du cannabis légal est en plein essor au Royaume-Uni.
Malgré de strictes contraintes encadrant la culture des plants, c'est désormais le deuxième marché au monde: porté par la pandémie, le marché du cannabis légal, avec les produits CBD censés améliorer le bien-être, est en plein essor au Royaume-Uni. Effets relaxants, lutte contre le stress, le CBD est à la mode malgré des questions sur son efficacité et une réglementation longtemps défaillante. Le CBD (cannabidiol) qui se vend le plus souvent forme d'extraits ou d'huile, est un des principes actifs du cannabis non psychotrope, contrairement au THC (tetrahydrocannabinol).
"Il y a eu un vrai changement dans l'opinion", veut croire Joe Oliver, co-fondateur et patron de LDN CBD, interrogé par l'AFP. Comme une myriade d'entreprises, sa marque s'est lancée dans l'aventure en 2018 à Londres, et prévoit désormais une campagne de financement participatif. "D'après les témoignages et les retours que nous avons, cela bénéficie surtout aux gens qui font face à des expériences traumatiques, à des maladies chroniques ou à un environnement très stressant", comme les médecins, la police, les pompiers ou les vétérans, selon Joe Oliver.
Le CBD se trouve dans des commerces bien connus au Royaume-Uni comme la chaîne de pharmacie Boots ou celle de produits naturels Holland & Barrett. Le secteur devrait générer des ventes de 690 millions de livres (810 millions d'euros) au Royaume-Uni en 2021, selon l'association du secteur ACI (Association for the Cannabinoid Industry). Et elles pourraient atteindre 1 milliard de livres en 2025, estimait début 2020 le cabinet de conseil britannique Savills, qui évaluait le nombre d'utilisateurs à 250.000 en 2018.
Cadre réglementaire récent
Le marché du "bien-être" est plus important que le cannabis à usage thérapeutique, disponible sur prescription pour certaines pathologies. Le cannabis récréatif n'est lui pas autorisé. Pour le CBD destiné au grand public, le Royaume-Uni est "devenu le deuxième marché au monde", explique Steve Moore, co-fondateur de l'ACI dans un rapport publié en mai, évoquant "la révolution tranquille" du cannabis. Signe d'une ouverture du marché, les entreprises spécialisées dans le cannabis thérapeutique ou les produits dérivés de l'huile de cannabis peuvent être admises à la Bourse de Londres.
Le Royaume-Uni bénéficie depuis peu d'un cadre réglementaire destiné à rassurer les clients sur la qualité des produits. Jusqu'à présent, certaines huiles pouvaient n'avoir aucune trace de CBD, ou contenir au contraire de la THC.
L'agence de sécurité alimentaire britannique considère le CBD comme un "nouvel aliment", suivant une décision de l'UE de 2019, et a son mot à dire sur la commercialisation des produits. Elle reconnaît toutefois qu'il y a des inconnus sur les effets. "Il n'y a pas encore de preuve évidente que le CBD marche pour tous les problèmes de santé auxquels il est censé répondre, à part pour certains types d'épilepsie", explique à l'AFP Sagnik Bhattacharyya, professeur en psychiatrie au King's College de Londres. Et la communication et la publicité autour des produits sont par conséquent très encadrées.
Difficile de cultiver des plants
Autre défi, cultiver des plants reste un parcours du combattant. S'il est possible de faire pousser du chanvre ou de cannabis, la loi oblige à la destruction des fleurs ou bourgeons, les parties la plus nobles qui abritent également la substance psychoactive. Pour les fabricants de CBD, le seul choix est d'importer l'huile des Etats-Unis et d'Europe.
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Malgré ces défis, les professionnels, tels Joe Oliver, s'étonnent du chemin parcouru en quelques années, pour une plante qui n'a pas toujours eu bonne presse: "J'ai vu la vie de milliers de gens changer. Je me souviens de l'époque où tout type de cannabis était complètement interdit".
L’Argentine: L’industrie du cannabis médical et du chanvre industriel est un secteur avec d’excellentes opportunités
Thomas Haeflin
01/09/2021
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L’industrie du cannabis est un secteur doté « d’excellentes potentialités » en Argentine où il pourrait créer plus de 10.000 emplois, a affirmé le ministre du Développement productif, Matías Kulfas, cité par la presse.
Selon le ministre, l’industrie du cannabis médical et du chanvre industriel est « un secteur avec d’excellentes opportunités de développement pour l’Argentine », un pays qui « a beaucoup à apporter » à travers l’approbation de la loi en attente de vote au Congrès.
En inaugurant le « Premier Congrès International du Cannabis et du Développement Productif », Kulfas a prédit qu’ »un nouveau secteur industriel s’ouvrira en Argentine » qui permettra la création de plus de 10 mille emplois.
Le Panama légalise le cannabis à usage médical
L'usage du cannabis sera réservé à des "fins thérapeutiques, médicales, vétérinaires, scientifiques et de recherche sur tout le territoire national".
Une fiole d'huile de CBD dans un champ de cannabis. (IGOR STEVANOVIC / SCIENCE PHOTO / IST / AFP)
Il est le premier pays d'Amérique centrale à sauter le pas. Le Parlement du Panama a approuvé lundi 30 août un projet de loi légalisant l'usage du cannabis à des fins médicales. Ce projet, à l'initiative du président de l'assemblée législative du Parlement panaméen, a été approuvé par 44 voix pour et aucune contre. Le texte doit encore être promulgué par le président Laurentino Cortizo.
L'usage du cannabis sera réservé à des "fins thérapeutiques, médicales, vétérinaires, scientifiques et de recherche sur tout le territoire national", indique le texte.
Des licences délivrées par l'Etat
Les défenseurs de la mesure veulent améliorer la qualité de vie des malades souffrant de glaucomes, épilepsie, arthrite, migraines, convulsions et d'autres types de douleur, mais aussi du cancer. La culture du cannabis, son exploitation, son usage et sa commercialisation, y compris à l'exportation, seront encadrés via des licences accordées par l'Etat.
Depuis la fin mars, l'usage du cannabis médical est autorisé en France dans le cadre d'une expérimentation de deux ans, portant sur 3 000 patients. Cette expérimentation, mise en place par l'ANSM, ne porte pas sur l'efficacité des traitements – déjà observée à l'étranger – mais sur la faisabilité d'une généralisation de leur usage sur le territoire national.
Consommer du cannabis de manière récréative sera légalement possible dès l'année prochaine dans le canton de Bâle-Ville. Un projet de vente régulée de cette drogue sera soumis à la Confédération cet automne. Ailleurs en Suisse, le canton de Genève et plusieurs villes vont également tenter l'expérience en 2022.
Bâle présente son projet-pilote de légalisation du cannabis: interview de Sandro Cattacin / Forum (vidéo) / 6 min. - cliquer sur l'image pour lancer la vidéo
Le canton de Bâle-Ville est prêt à lancer son projet de vente régulée de cannabis. Tout le monde ne pourra toutefois pas bénéficier du programme. Au total, 5000 personnes "cobayes" pourront s'inscrire pour consommer librement du chanvre contenant le psychotrope THC ‒ la consommation de chanvre contenant du CBD, substance non psychoactive, étant déjà légalisée.
Ces personnes pourront être conseillées dans les pharmacies, qui vendront le stupéfiant au prix du marché, soit environ dix francs le gramme. Les fumeurs et fumeuses accrédités seront en outre suivis par des spécialistes de l'Université de Bâle.
L'expérience commune à plusieurs villes devrait commencer au début de l'année prochaine et durer au maximum cinq ans.
>> Revoir le sujet du 19h30:
Plusieurs projets pilote de vente de cannabis vont être lancés dans les villes suisses sous la houlette de l'OFSP. / Cliquer sur l'image pour lancer la vidéo 2 min. / le 1 juillet 2021
Différentes stratégies de distribution
Les villes associées à ce projet ne prévoient pas toutes les mêmes stratégies. A Berne, les personnes inscrites à ce programme expérimental pourront commander leur substance dans les pharmacies, comme à Bâle-Ville. La Ville de Zurich parie quant à elle sur les services sociaux, alors que Lausanne mise plutôt sur des magasins sans profits.
De son côté, Genève va s'appuyer sur les associations pour expérimenter la distribution de chanvre psychotrope.
"Nous voulons trouver des versions associatives où il existe des personnes compétentes pour assurer un suivi et aider en cas de besoin", a expliqué vendredi soir dans l'émission Forum Sandro Cattacin, sociologue et professeur à l'Université de Genève, qui pilote le projet de vente régulée de cannabis à l'échelle cantonale.
Selon lui, une distribution à travers les pharmacies n'est pas souhaitable car il s'agirait d'une "médicalisation" du projet. Le responsable genevois veut également éviter de soumettre l'expérience "à la loi du profit", mais ajoute que c'est justement la multitude des propositions en Suisse qui permettra de déterminer "dans quelle direction aller".
Expérimentations nécessaires
D'après un sondage de l'institut Sotomo, deux personnes sur trois en Suisse seraient favorables à une réglementation du cannabis plutôt qu'à son interdiction. Dès lors, ces futures expériences, longues et coûteuses, peuvent sembler inutiles.
Lire aussi: Deux tiers des Suisses pour la légalisation du cannabis, mais avec des garde-fous
Sandro Cattacin estime néanmoins que la sensibilisation de la population a été possible grâce au long processus de discussion qui entoure ces projets. Selon le sociologue, il reste également beaucoup de questions qui n'ont pas encore été réglées par les modèles étrangers.
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web : Isabel Ares
Barcelone aggrave la situation des cannabis clubs en retirant la licence municipale
Le Conseil municipal a communiqué aux 200 associations qu'elles doivent opérer avec une licence de club privé
"A chaque fois ils nous poussent vers un endroit plus sombre", déplore Eric Asensio, porte-parole de la ConFac
La mairie de Barcelone a fait savoir aux cannabis clubs de la ville qu'elle retirait la licence municipale qu'elle leur avait accordée en 2016 . La décision a été prise après une décision de la Cour supérieure de justice de Catalogne qui a souligné que le consistoire d' Ada Colau n'est pas un organe compétent pour réglementer son activité. Le conseil municipal a déposé un pourvoi en cassation qui a été rejeté par la Cour suprême en avril dernier.
Actuellement, il existe environ 200 associations cannabiques ouvertes dans la capitale catalane qui devront désormais se réinscrire en tant que clubs privés. "Ils nous poussent à chaque fois vers un endroit plus sombre , nous essayons de sortir mais nous continuons à reculer", déplore Eric Asensio , porte-parole de la Confédération des fédérations des associations cannabiques (ConFac) auprès de ce journal .
Toujours à la suite de cette décision, le conseil municipal a annoncé qu'il allait promouvoir une campagne d'inspections pour s'assurer qu'elles fonctionnent conformément à « la législation en vigueur.« « Nous allons commencer à passer en revue ceux qui ont généré le plus de plaintes de quartier », explique un porte-parole municipal à ce journal. L'équipe de Colau a également créé un groupe de travail interne qui implique les secteurs Services juridiques, Santé, Sécurité et Urbanisme pour faire des propositions de modifications législatives et les étudier avec la Generalitat et le Gouvernement. En attendant que ce groupe de travail trouve la bonne clé, la réalité est que la nouvelle, que la Mairie a rendue publique dans un communiqué la semaine dernière, aggrave les Les limbes qui persécutent ces associations.Avec le plan municipal de 2016, le conseil municipal entendait « rendre compatible le droit d'association des personnes qui consomment du cannabis avec l'exercice d'autres droits fondamentaux comme la protection de la santé ». Mais la justice considère que cette administration n'est pas compétente pour gérer quoi que ce soit qui concerne "des espaces susceptibles de commettre des délits".
La malédiction des clubs
Les clubs de cannabis ont émergé il y a près de dix ans en Catalogne en profitant d'un vide juridique. En collectivisant l'autoconsommation, les fumeurs ont ouvert des centres sociaux à but non lucratif où les partenaires plus âgés pouvaient se rendre pour consommer de la marijuana qui, en échange d'une redevance, recevait une partie d'une plantation commune. Le manuel de bonnes pratiques des clubs, que tous ne respectent pas et qui n'a aucune valeur légale, précise que la marijuana ne peut pas être vendue, que le membre ne peut pas prendre de drogue dans les locaux et qu'elle ne peut pas être promue, entre autres.
L'activisme des clubs a fait que le Parlement de Catalogne approuvera en 2017 une loi qui réglemente son activité, la plus complète qui ait été faite à ce jour en Espagne. Il a reçu le soutien de tous les partis, à l'exception du PP, qui a présenté un recours devant la Cour constitutionnelle qui a fini par abroger la loi catalane, considérant qu'elle avait été investi de pouvoirs qui ne lui correspondaient pas. Navarre avait imité le texte catalan et a subi la même peine. Actuellement, seule la contribution législative basque prévaut, qui, contrairement au catalan, ne réglemente pas la culture ou son transfert, les éléments clés. Parallèlement à cette décision constitutionnelle, tant la Cour suprême que le Parquet ont respectivement prononcé des condamnations et des instructions qui remettent les cannabis clubs dans le collimateur de la police car, avant tout,Ils ont réduit le droit supposé qu'ils avaient de planter de la marijuana - dans l'État, c'est interdit, sauf pour les cultures de R&D. Autrement dit, si un organisme de sécurité découvre une plantation –clandestine, il ne peut en être autrement– d'une association, il peut finir par traduire en justice les responsables.
Le paradoxe des clubs
Le paradoxe des cannabis clubs (CSC) en Espagne est qu'il est plus sûr d'aller au marché noir pour acquérir la marijuana que leurs membres vont consommer que de la cultiver. Posséder ses propres plantations, c'est s'exposer à subir des opérations policières et des procès pour trafic de drogue ou braquages par des mafias - de plus en plus puissantes et violentes - qui se sont implantées dans l’État pour produire et exporter du cannabis d'ici vers le reste de l'Europe , où chaque gramme se multiplie. Les clubs continuent de réclamer une régulation de leur activité pour arrêter un marché noir qui, selon les Mossos d'Esquadra eux-mêmes, est devenu une menace pour la paix sociale en Catalogne pour sa capacité à tenter et à corrompre les pouvoirs publics .
Amsterdam dit aux touristes tapageurs de «rester à la maison» alors que les fermetures de la ville sont levées
Les autorités limitent les excès et mettent en avant la culture alors qu'elles cherchent à améliorer le fonctionnement du tourisme pour toute la ville
* Amsterdam vise à relancer le tourisme après la pandémie
* La ville devrait perdre 8 milliards d'euros de dépenses touristiques en 2021
*Les gouvernants cherchent à réprimer le sexe, le tourisme du cannabis
Par Karolin Schaps
AMSTERDAM, 7 juillet (Fondation Thomson Reuters) - L'artiste et guide touristique Louke Spigt parvient à joindre les deux bouts en proposant des visites à quelques-uns des millions de visiteurs étrangers qui affluent chaque année dans la capitale néerlandaise Amsterdam à la recherche de culture, de cannabis et de sensations fortes.
Mais même elle a des doutes quant à leur retour après que le gouvernement néerlandais a commencé à lever la plupart des restrictions de verrouillage en avril, ouvrant à nouveau la porte au tourisme de masse dans l'une des villes les plus visitées au monde.
"Les problèmes, ce sont les groupes incontrôlables de Britanniques buveurs, les touristes à petit budget qui jettent tous leurs déchets dans les rues", a déclaré Spigt, 53 ans, aux cheveux bleus. "Nous voulons d'autres (types) de touristes."
Alors qu'Amsterdam sort de lourdes restrictions pandémiques, elle est confrontée à un exercice d'équilibre – comment relancer le commerce du tourisme qui sous-tend près d'un dixième de l'économie de la ville tout en s'assurant qu'il ne domine pas aux dépens des résidents.
Pour ce faire, la ville cherche de toute urgence à se débarrasser de son image "tout est permis" - basée sur sa tolérance au cannabis et au travail du sexe dans le célèbre quartier rouge - et à se concentrer sur l'accueil de visiteurs qui préfèrent se livrer à ses offres culturelles et historiques.
"Amsterdam est dans une position chanceuse où elle pourrait vraiment utiliser la pandémie pour essayer de nouvelles choses", a déclaré Ko Koens, professeur de nouveau tourisme urbain à l'Université des sciences appliquées d'Inholland.
Contrairement à d'autres lieux de vacances, la ville possède un large éventail d'industries, ce qui signifie qu'elle peut se permettre de freiner le tourisme dommageable, a-t-il déclaré.
« C’est le moment d'expérimenter", a ajouté Koens.
L'hôtellerie à Amsterdam a plongé de 68% au milieu de la pandémie mondiale l'année dernière, selon les données de la municipalité.
La banque néerlandaise ABN Amro s'attend à ce que le nombre de visiteurs reste relativement faible cette année, avec une perte de revenus d'environ 8 milliards d'euros (9,5 milliards de dollars) pour la ville et ses entreprises.
Environ 11% de la main-d'œuvre d'Amsterdam est employée dans le secteur du tourisme, et beaucoup sont impatients de pouvoir reprendre leur travail après 15 mois de fermetures répétées.
"C'est super. Enfin, après une longue période, je suis enfin de retour . C'est ma passion", a déclaré le skipper de luxe Joost Barendsen.
Skipper Joost Barendsen stands in front of one of his canal cruise boats in central Amsterdam, June 24, 2021. Thomson Reuters Foundation/Karolin Schaps
D'autres vivant dans le centre-ville d'Amsterdam sont moins heureux.
Marlies Weyergang, 61 ans, a déclaré qu'elle redoutait le retour de touristes tapageurs dans le pittoresque quartier central de Nieuwmarkt, qui abrite un nombre croissant de locations de vacances.
"Nous avons vu tellement d'Airbnb apparaître dans notre région. En tant que résidents, ils ne nous apportent aucun avantage", a déclaré Weyergang.
« MEILLEUR ÉQUILIBRE »
Amsterdam a accueilli environ 20 millions de visiteurs étrangers en 2019 et son centre accueille généralement cinq touristes pour chaque résident permanent, selon les statistiques du gouvernement.
Les résidents soutiennent que la ville est victime de son propre succès, ces visiteurs apportant des déchets et du bruit ainsi que des loyers qui montent en flèche en raison de l'essor des locations de vacances qui ont coûté cher à de nombreux habitants.
En juin, la mairie d'Amsterdam a lancé une campagne publicitaire de 100 000 euros axée sur la nourriture, les musées et la nature pour attirer les touristes soucieux de leur culture plutôt que ceux qui viennent ivres pour des enterrements de vie de garçon ou des aventures alimentées par la drogue.
"Si les touristes veulent seulement fumer de l'herbe, boire trop d'alcool et visiter le quartier rouge, restez chez vous", a déclaré le maire adjoint d'Amsterdam, Victor Everhardt, à la Fondation Thomson Reuters par courrier électronique.
"Nous n'avons pas été en mesure de voler de bonnes idées à d'autres villes - elles nous regardent maintenant sur la façon dont nous traitons le tourisme."
Même avant la pandémie, les autorités s'étaient efforcées de lutter contre les comportements antisociaux des visiteurs et de rendre la ville plus vivable pour les résidents permanents.
Ces dernières années, la municipalité a interdit les nouveaux hôtels et boutiques de souvenirs, et interdit les locations de vacances dans certaines zones.
Le maire de gauche d'Amsterdam, Femke Halsema, a également fait des propositions pour interdire aux touristes d'acheter de l'herbe et pour déplacer le quartier rouge du centre-ville vers un nouveau "centre érotique" à la périphérie.
Les changements ont suscité des critiques de certains milieux, tels que les travailleuses du sexe du syndicat Red Light United, qui ont averti que les plans les rendraient "moins visibles" et donc plus vulnérables à la traite des êtres humains.
Certains se demandent également si les efforts visant à dissiper les comportements tapageurs sont réalisables.
"Les touristes ivres seront toujours là. Ils étaient déjà là au 17ème siècle quand les marins se saoulaient dans les mêmes bars. Cela fait partie de la société d'Amsterdam", a déclaré Berber Hidma, un guide touristique de 34 ans.
A sign warns of a 95-euro fine for urinating in public in Amsterdam's city centre, June 24, 2021. Thomson Reuters Foundation/Karolin Schaps
Mais les plans ont été généralement bien accueillis par les résidents.
"Les touristes ne devraient pas penser que simplement parce que vous pouvez fumer un joint ici, vous pouvez faire ce que vous voulez", a déclaré Willem Bosse, 55 ans, un consultant en informatique qui a déclaré que sa maison dans le centre d'Amsterdam se trouve à moins de deux minutes de 10 coffee shops - la plupart des eux vendant du cannabis - mais pas de boucher ni de boulangerie.
"En tant que résidents, nous devons toujours nous adapter pour accueillir les touristes. Il doit y avoir un meilleur équilibre", a-t-il déclaré.
IMPACT POSITIF
Les entreprises prennent également des mesures pour encourager un tourisme plus positif.
Depuis deux ans, la société de visites à pied Tours That Matter propose aux visiteurs d'explorer Amsterdam à travers des thèmes tels que la colonisation, la gentrification ou la durabilité.
Il emmène également les touristes vers des sites en dehors du centre-ville, par exemple dans le quartier de Bijlmer, l'un des quartiers les plus pauvres et les plus diversifiés d'Amsterdam.
"Nous (...) nous concentrons sur l'impact positif pour nous assurer que les habitants veulent avoir les touristes", a déclaré la co-fondatrice Anouschka Trauschke.
"Nous formons des locaux, comme des artistes ou d'anciens sans-abri - dont certains n'ont pas d'autre emploi - à devenir des guides touristiques et à partager leurs histoires.
" Zoku, une entreprise basée à Amsterdam proposant des logements hybrides à la maison, au bureau et à l'hôtel, a conçu ses lofts de location pour permettre aux touristes et aux résidents de se mêler dans des espaces communs.
Les habitants et les visiteurs partagent régulièrement des dîners organisés sur de longues tables en bois dans son restaurant.
Zoku s'est étendu à Copenhague et à Vienne, deux villes également aux prises avec le défi d'accueillir les touristes sans blesser les résidents.
"Si vous voulez que les gens se comportent comme des invités, vous devez également les traiter comme des invités et non comme des marchandises", a déclaré Koens, professeur de tourisme.
"Nous devrions regarder beaucoup plus la valeur sociétale que le tourisme peut apporter que les bénéfices économiques - c'est le changement que nous devons faire."
Reportage de Karolin Schaps ; Montage par Sonia Elks et Jumana Farouky. Veuillez créditer la Fondation Thomson Reuters, la branche caritative de Thomson Reuters, qui couvre la vie de personnes dans le monde qui luttent pour vivre librement ou équitablement .
Au Mexique la Cour suprême dépénalise le cannabis
Si elle est adoptée par le Congrès mexicain, la légalisation du cannabis fera du Mexique le troisième pays à légaliser le cannabis au niveau national pour un usage récréatif, après l’Uruguay et le Canada.
La décision de la plus haute instance juridique du pays constitue cependant une étape importante pour le Mexique, qui compte 126 millions d’habitants et qui est plongé dans une spirale de violence depuis 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral de l’époque a lancé une opération militaire antidrogue controversée. Photo Alfredo ESTRELLA/AFP
La Cour suprême du Mexique, où opèrent de puissants cartels de la drogue, a officiellement dépénalisé lundi l’usage légal de la marijuana pour les adultes.
Huit des onze membres de cette instance ont ainsi déclaré inconstitutionnels une série d’articles de la loi mexicaine sur la santé qui interdisaient la consommation de marijuana.
"Jour historique"
"Aujourd’hui est un jour historique pour les libertés", a commenté le président de la Cour, Arturo Zaldívar, à l’issue du vote.
La décision de la Cour suprême intervient après que le Congrès mexicain n’a pas réussi à voter une loi sur cette question avant la date limite du 30 avril fixée par la Cour suprême. Le 10 mars, la Chambre des députés avait approuvé un projet de loi à cet effet. Un vote du texte était en attente au Sénat, qui l’avait déjà approuvé en novembre mais devait le reprendre après plusieurs amendements ajoutés par la chambre basse. Toutefois, début avril, la majorité au Sénat avait déclaré qu’elle envisageait de reporter à septembre la discussion finale de la loi. Ricardo Monreal, le coordinateur parlementaire du parti Morena au pouvoir avait alors déclaré que la loi émanant de la Chambre des députés "comportait des incohérences".
La déclaration approuvée lundi par la Cour suprême signifie que ceux qui veulent désormais utiliser la marijuana à des fins récréatives peuvent demander une autorisation à la Commission fédérale pour la protection contre les risques sanitaires (Cofepris) et que celle-ci ne peut la leur refuser.
Le Congrès doit encore légiférer sur la question
Bien que les organisations civiles et les spécialistes applaudissent la décision de la Cour suprême, ils mettent en garde sur le fait que le Congrès doit encore légiférer sur la question.
"La décision (de la Cour suprême) n’affecte pas le cadre de justice pénale et laisse un vide juridique en ce qui concerne la consommation, la culture et la distribution de cannabis", estime l’ONG Mexico United Against Crime sur Twitter.
Pour sa part, Jorge Hernandez Tinajero, militant pour la réglementation du cannabis au Mexique depuis les années 1990, critique le législateur qui n’a pas été en mesure de "réglementer la réalité", comme la possession et la commercialisation de la marijuana.
La décision de la plus haute instance juridique du pays constitue cependant une étape importante pour le Mexique, qui compte 126 millions d’habitants et qui est plongé dans une spirale de violence depuis 2006, date à laquelle le gouvernement fédéral de l’époque a lancé une opération militaire antidrogue controversée. Depuis lors, le pays a enregistré plus de 300 000 meurtres.
Si elle est adoptée par le Congrès mexicain, la légalisation du cannabis fera du Mexique le troisième pays à légaliser le cannabis au niveau national pour un usage récréatif, après l’Uruguay et le Canada.
Elle ouvre aussi un front à hauts risques avec les cartels de la drogue qui sont les puissants maîtres de ce secteur d’activité. En 2020, les autorités mexicaines ont saisi 244 tonnes de marijuana. La dernière enquête nationale sur les drogues (2016) réalisée au Mexique a démontré que 7,3 millions de Mexicains âgés de 12 à 65 ans avaient déjà consommé plusieurs fois de la la marijuana et qu’elle était la drogue préférée de 1,82 million de Mexicains.
"Mesurer l'impact sur la santé et... court-circuiter le marché illégal'
Grâce aux essais, le gouvernement entend notamment "évaluer ses effets sur la santé et sur les habitudes de consommation, mais aussi mesurer son impact sur le marché local des drogues illicites ainsi que sur la protection de la jeunesse et sur la sécurité publique".
Le sondage, réalisé auprès de personnes majeures entre fin janvier et début avril, montre que deux tiers des personnes interrogées soutiennent ces essais, avec un soutien plus marqué dans les villes.
La majorité des suisses favorables à la légalisation, avec des précautions
Deux tiers des personnes interrogées se disent favorables à la légalisation du cannabis, mais moyennant des mesures strictes pour la protection de la santé notamment des jeunes.
Plus de la moitié des sondés préconisent notamment, comme mesure d'accompagnement, de développer la prévention et de limiter la teneur en THC, la molécule active du cannabis, des produits cannabiques légaux.
Une petite moitié souhaite encore que la quantité maximale par achat soit fixée et que les personnes ayant une consommation problématique aient l'obligation de demander des conseils.
Pratiquement deux personnes sur trois souhaitent que l'âge minimum pour la consommation soit fixé à 18 ans.
Des essais rigoureusement encadrés
Les essais pilotes seront encadrés de manière rigoureuse. La quantité de cannabis que les participants pourront acheter par mois sera limitée, sa revente interdite, tout comme sa consommation dans les lieux publics.
Seules les personnes majeures consommant déjà du cannabis pourront participer à l'étude, et leur état de santé sera suivi.
Par ailleurs, le cannabis proposé devra répondre à des exigences élevées de qualité et être issu de culture biologique.
Lors de la présentation des essais, le gouvernement avait également souligné que "dans la mesure où les chaînes d'approvisionnement sont suivies et strictement contrôlées de la semence à la distribution des produits, le marché noir s'en trouvera court-circuité".
Au cours des dernières années, la demande de traitements médicaux à base de cannabis a fortement augmenté en Suisse. En 2019 uniquement, l'OFSP a délivré près de 3.000 autorisations exceptionnelles. Face à cette hausse, le Parlement a adopté en mars une modification de la loi sur les stupéfiants afin de permettre aux médecins de prescrire des médicaments à base de cannabis.
La Maison Blanche déclare qu'il pourrait être utile de revoir les règles antidopage autour du cannabis
La Maison Blanche a été sensible à la suspension de Sha'Carri Richardson, qui manquera les JO de Tokyo, après un contrôle positif au cannabis. (G. Burke/USA Today Sports/Presse Sports)
Après la suspension de la sprinteuse Sha'Carri Richardson, la Maison Blanche, via son attachée de presse, a fait savoir qu'il pourrait être utile de revoir les règles antidopage autour du cannabis.
Victorieuse du 100 m aux sélections US, Sha'Carri Richardson ne disputera toutefois pas les Jeux Olympiques de Tokyo (23 juillet - 8 août), après avoir été contrôlée positive au cannabis. La sprinteuse américaine a en effet écopé d'une suspension d'un mois, le 2 juillet.
Dans un entretien accordé à la chaîne CNN, Jen Psaki, l'attachée de presse de la Maison Blanche, a déclaré que Joe Biden, le président des Etats-Unis, avait été sensible à ce qui était arrivé à Sha'Carri Richardson. Et elle a ajouté qu'il pourrait être utile de revoir les règles antidopage autour de la consommation de cannabis.
C'est l'AMA qui décide
« Nous savons que les règles sont ce qu'elles sont, a fait savoir Psaki. (...) Nous devons bien sûr respecter le rôle de l'Agence américaine antidopage (USADA) et du Comité olympique américain et les décisions qu'ils prennent. Mais c'est triste, et nous souhaitons bonne chance (à Sha'Carri Richardson) et avons hâte de la voir courir, comme la femme la plus rapide du monde, pour les années à venir. »
Travis Tygart, le patron de l'USADA, a répondu à ces déclarations, en disant que son instance était liée aux règles édictées par l'Agence mondiale antidopage (AMA), « même dans des cas tristes et difficiles comme celui (de Richardson), où nous pourrions adopter une approche différente, si le choix nous appartenait ».
Rencontre entre l'AMA et la Maison Blanche ?
Mardi, la Fédération américaine (USATF) avait déclaré comprendre le cas Richardson, mais que, par souci d'équité pour les autres athlètes, elle avait refusé de sélectionner celle-ci pour les Jeux Olympiques (pour le relais 4x100 m, qui se tenait après la fin de sa suspension).
Selon le Financial Times, la Maison Blanche souhaiterait rencontrer l'Agence mondiale antidopage (AMA), par l'intermédiaire du National Drug Control Policy, le Bureau américain de lutte contre la drogue, qui siège à l'AMA.
Les démocrates américains veulent légaliser totalement le cannabis au niveau fédéral
Cannabis – Mauro Scrobogna /Zuma Press – ISOPIX
Légaliser le cannabis à l’échelle nationale, permettrait, selon les démocrates, de soulager le système judiciaire tout en créant de nouvelles opportunités économiques. Voire de lutter contre les discriminations.
Depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche, il y a de cela 6 mois, le gouvernement américain se met au vert. Et pas seulement sur les enjeux écologiques : les Démocrates travaillent sur un « Cannabis Administration and Opportunity Act » qui dépénaliserait l’usage de cette drogue dans l’entièreté des États-Unis.
Des règles très différentes pour chaque état
À l’heure actuelle, le cannabis reste interdit à l’échelon fédéral, qui classe le cannabis comme substance dangereuse de catégorie 1, au même niveau que l’héroïne et au-dessus de la cocaïne, prohibant la production, la vente, la possession et la consommation. Mais les états disposent d’une grande latitude sur la question, et peuvent légiférer dans un autre sens. La marijuana est ainsi légale dans de nombreux Etats, sur la côte ouest et au nord-est, principalement. Dans d’autres, seul l’usage médical est autorisé, même si une politique de décriminalisation a été parfois mise en œuvre. Mais le cannabis reste strictement interdit ailleurs, au Texas, au Nouveau-Mexique, ou encore en Géorgie.
Avec ce texte, les Démocrates veulent inverser la logique : légaliser le cannabis à l’échelon national, mais aussi rendre son commerce possible, avec des règles bien précises. Quitte à laisser éventuellement les Etats décider de mettre en place une politique plus stricte que ce que recommande le gouvernement fédéral.
En pratique, voici ce que les démocrates veulent mettre en place :
L’achat de cannabis dans des boutiques au détail reconnues à partir de 21 ans.
Conduire une évaluation de la consommation de cannabis par la population adulte dans chaque état.
Introduire un programme de réhabilitation et d’opportunités pour ceux qui ont été blessés dans le cadre de la lutte contre les drogues.
Rayer les procès-verbaux pour des offenses aux lois sur le cannabis à l’échelon fédéral, sauf en cas de violence, et inciter les Etats à faire de même. Ceux emprisonnés pour des atteintes non-violentes ayant tait au cannabis pourront demander une révision de leur sentence.
Fournir des fonds pour un programme de prêts visant à créer des échoppes de cannabis tenues par « des personnes socialement et économiquement non-favorisées ».
Imposer une taxe sur les produits issus du cannabis similaire à celles sur l’alcool ou le tabac.
Les Noirs 3 fois plus souvent arrêtés
Pour l’instant, ce texte n’en est qu’à l’état de brouillon, et il ne sera sans doute pas présenté au Congrès avant la fin de l’année. Mais le plan des Démocrates ne concerne donc pas que le cannabis et la question des libertés du consommateur : il s’agit d’une réforme d’ampleur, de portée sociétale même. Car l’application des lois actuelles serait fort conditionnée à la couleur de peau du contrevenant, selon les défenseurs d’une réforme : les personnes noires sont trois fois plus susceptibles d’être arrêtées pour possession de cannabis que les personnes blanches. Selon le Washington Post, 89% des personnes arrêtées pour cette raison à Washington D.C. entre 2015 et 2019 étaient noires.
Ce texte a donc tant pour objectif de désengorger le système judiciaire et de vider les prisons que d’offrir de nouvelles opportunités d’emploi ciblant les plus défavorisés. Et, pour les États-Unis, une nouvelle source de revenus, alors que le commerce illégal de cannabis nourrit pour l’instant l’économie informelle, au mieux. Et au pire, des cartels de trafiquants internationaux.
Le Sénat vient de soutenir de la mise en place d'un rapport d’évaluation de la loi drogue de 1921. "C’est toute l’approche en matière de drogues qui doit évoluer", pointe Julien Uyttendaele (PS),
Faut-il moins pénaliser la consommation de drogue?
Une demande de rapport d’évaluation de la loi drogue de 1921 avait été réclamée par le sénateur Julien Uyttendaele (PS), comme nous l’annoncions en février. Il y voyait une première étape de l’évolution de la loi vers moins de répression.
La demande a été largement soutenue ce vendredi au Sénat à 35 voix pour, 18 contre (principalement la N-VA, le Vlaams Belang et le CD&V) et 2 abstentions.
Le travail va donc pouvoir commencer, à l’instar de la mission parlementaire initiée à l’assemblée nationale française. “C’est une première étape pour faire évoluer cette loi qui fête cette année son centième anniversaire, mais c’est toute l’approche en matière de drogues qui doit évoluer. Le statu quo n’est plus tenable. Cette loi est la principale responsable de la surpopulation carcérale et pourtant le cannabis n’a jamais aussi accessible et consommé qu’aujourd’hui. On doit avancer”, a réagi Julien Uyttendaele, qui porte ce projet depuis longtemps. “C’est un bon signal, la loi de 1921 est dépassée depuis longtemps et nous allons ainsi avoir les outils pour instaurer un débat global et constructif.”
"Un joint pour un vaccin" à New York
Par AFP le 20.04.2021 à 21h33 Lecture 3 min.
Un homme, carte de vaccination en main, fume un joint distribué lors de l'opération "Un joint pour un vaccin" organisée le 20 avril 2021 à Union Square, à New York
AFP - Angela Weiss
"Un joint pour un vaccin": des militants de la légalisation de la marijuana ont fait un tabac mardi à Manhattan, en offrant un joint à toute personne pouvant attester avoir reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid.
L'idée était de célébrer la légalisation fin mars du cannabis récréatif dans l'Etat de New York et de soutenir la campagne de vaccination -- tout en marquant la date du 20 avril ("4/20", en anglais, chiffres devenus nom de code pour désigner la consommation de cette drogue douce), journée officieuse de la marijuana.
"C'est la première fois qu'on peut s'asseoir et distribuer des joints légalement", a expliqué Michael O'Malley, l'un des organisateurs, en distribuant des joints préparés à l'avance par quelques bénévoles. "On soutient l'effort de vaccination du gouvernement fédéral et on essaie aussi de leur faire légaliser le cannabis au niveau fédéral."
Dès le début de la distribution, vers 11 heures du matin, une queue très décontractée d'une cinquantaine de personnes, jeunes et moins jeunes, s'était formée sur la place de Union Square, aux portes de Greenwich Village.
En l'espace de cinq heures, les intéressés ont pu vite défiler: une dizaine de minutes d'attente au soleil, juste le temps de montrer une carte de vaccination, en papier ou sur son smartphone, et de donner son adresse mail.
Pas de contrôle tatillon ni de vérification que certains ne fassent pas deux fois la queue: "on n'est pas trop regardant", reconnaît M. O'Malley.
Sarah Overholt, 38 ans, est ainsi repartie avec deux joints en poche: elle a montré sa carte de vaccination et celle de sa mère, âgée de 70 ans.
Pour elle, pas de doute: marijuana et vaccin sont tout autant indispensables.
"Je fume tous les jours et ça fait de moi une meilleure personne, croyez-moi", dit-elle en souriant.
Quant au vaccin, "tout le monde devrait se faire vacciner, il ne devrait pas falloir de l'herbe pour convaincre les gens de le faire, mais si ça marche, alors ça marche", estime cette trentenaire qui a reçu sa première dose le 25 mars et attend sa seconde jeudi.
Alex Zerbe, 24 ans, trader venu depuis son bureau tout proche, est du même avis. Il a déjà reçu ses deux doses et fume un joint "une ou deux fois par jour".
"Je trouverais toujours un joint" mais l'idée d'en offrir un aux personnes vaccinées "est juste cool", dit-il.
Dès la première demi-heure, 150 à 200 joints avaient été distribués, sur quelque 1.500 roulés à l'avance par les militants.
Diverses marques américaines, dans l'alimentaire notamment, ont lancé des promotions liées au vaccin ces dernières semaines: beignets, hot-dogs ou bières sont, à divers endroits du pays, offerts aux personnes présentant preuve de vaccination, selon des conditions variables.
Colorado – Quand la culture du cannabis pollue plus que l’industrie du charbon !
Cela n’avait pas encore été quantifié jusque-là : la production légale de cannabis se révèle dramatiquement émettrice de gaz à effet de serre.
Rédigé par Paul Malo, le 13 Mar 2021, à 18 h 01 min
Les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de cannabis légal aux États-Unis peuvent dépasser celles de l’industrie minière.
Cannabis médical ou récréatif – Un impact environnemental qui reste à quantifier
C’est une étude dont les résultats sont tout simplement « stupéfiants » qui a été publiée le 8 mars dernier par une équipe de chercheurs de la Colorado State University dans les colonnes de la revue Nature Sustainability(1).
Ils ont eu l’idée de se pencher sur les émissions de gaz à effet de serre des plantations légales de cannabis. En effet, dans certains États américains, la consommation médicale ou récréative en est autorisée, et la culture également.
« La légalisation du cannabis a entraîné une augmentation substantielle de la production commerciale, mais l’ampleur de l’impact environnemental de l’industrie n’a pas été pleinement quantifiée, explique cette étude. Une quantité considérable de cannabis légal est cultivée à l’intérieur, principalement pour des raisons de contrôle de la qualité et de sécurité. Nous avons analysé l’énergie et les matériaux nécessaires pour cultiver du cannabis à l’intérieur et quantifié les émissions de gaz à effet de serre correspondantes en utilisant une méthodologie d’évaluation du cycle de vie. »
Le Mexique pourrait bientôt devenir le plus grand marché légal de la marijuana
Le Congrès mexicain s'apprête à adopter une loi réglementant la production et la commercialisation du cannabis récréatif dans le pays. L'un des principaux enjeux est de lutter contre le marché noir et les puissants cartels qui le régissent
Des entrepreneurs mexicains et étrangers se préparent à se lancer sur le marché juteux de la marijuana au Mexique, bientôt légal et pressenti comme le plus important dans le monde. Ce commerce, qui doit finir d'être réglementé dans les prochaines semaines par le Congrès mexicain, est évalué à des milliards de dollars.
Revers de la médaille: ce nouveau marché qui s'ouvre pourrait accentuer la marginalisation et la criminalisation des petits producteurs traditionnels en raison d'une législation qui, selon les militants, favorise les grands exploitants. «Le Mexique se positionne comme le plus grand marché au monde, et devrait devancer les États-Unis et le Canada. Mais il aura de la place pour tout le monde», soutient Erick Ponce, président du Groupe de promotion de l'industrie du cannabis (GPIC), qui regroupe 25 entreprises mexicaines et étrangères.
Lire aussi: Cannabis et confinement font bon ménage: la demande explose
La légalisation place le Mexique au sommet de ce secteur, devant des pionniers comme l'Uruguay et le Canada, dont la population ne représente qu'une fraction des 126 millions d'habitants du Mexique. L'aboutissement du débat législatif en cours est considéré comme acquis. La loi réglementant l'usage du cannabis dans certaines conditions devrait passer prochainement sans changements majeurs.
Environ un milliard de recettes fiscales prévues
Diverses projections indiquent que le marché national médicinal et récréatif pèsera entre cinq et six milliards de dollars d'ici 2025, soit une part considérable du total mondial qui devrait grimper jusqu'à 73,57 milliards de dollars en 2027, selon le bureau de consultants Grand View Research. Il devrait également rapporter entre 900 et 1,7 milliard de dollars en taxes annuelles, selon les estimations du Congrès et celles du Conseil mexicain du cannabis et du chanvre (CMCC).
La loi réglemente cette activité, de la culture à la commercialisation des divers produits qui pourraient être proposés à la vente: fleurs séchées, infusions, ou même sucreries. Elle prévoit d'accorder la priorité aux permis pour les agriculteurs et de favoriser les financements de ces derniers. Mais, mettent en garde les activistes favorables à la législation, des entreprises ayant plus d'expérience et de moyens risquent de dominer le marché.
La loi impose également des normes élevées pour les semences, les espaces de production et même de commercialisation, ce qui pourrait générer un commerce oligopolistique. «Le modèle mexicain devrait être fondé sur une question de justice sociale. Nous ne pouvons pas laisser se former un marché qui permette à deux ou trois grandes entreprises d'en prendre le contrôle», estime Tania Ramírez, de l'ONG Mexico United Against Crime.
Combattre le marché noir
En dépit de l'ouverture vers une légalisation qui se profile, le risque existe que les paysans continuent à travailler dans l'illégalité et restent asservis aux puissants cartels mexicains. L'industrie est cependant convaincue que les lois du marché empêcheront les mafias d'y prospérer, estime Erick Ponce. Un point que réfutent les militants pro-cannabis.
Zara Snapp, fondatrice de l'Institut RIA, qui promeut les politiques publiques en matière de drogues, doute que les commerces de cannabis fleurissent facilement dans les régions touchées par la violence. «Vous parlez aux gens et ils vous disent 'je ne mettrais pas un négoce de cannabis à Guadalajara' parce que d'autres occupent déjà le terrain», explique Zara Snapp à propos de la capitale de l'Etat de Jalisco (centre-ouest), fief de Nouvelle Génération, l'un des cartels les plus puissants du pays. Eda Martinez, directrice du CMCC, prévient également que si la voie de la légalisation implique trop de paperasserie, peu de personnes franchiront le pas. Elle partage l'avis de Zara Snapp selon lequel l'État devrait guider et encourager la transition vers la légalisation.
Une étude privée remontant à 2016, présentée aux instances gouvernementales et universitaires, a estimé que le marché noir mexicain produisait entre 5250 et 6550 tonnes de cannabis par an et employait 17 200 personnes. En 2020, 244 tonnes de cannabis ont été saisies. La dernière enquête nationale sur les drogues (2016) a révélé que 7,3 millions de Mexicains âgés de 12 à 65 ans avaient déjà consommé de la marijuana. Erick Ponce estime à cinq millions le nombre d'utilisateurs potentiels en plus.
Lire aussi: Le marché du cannabis pèse 340 à 500 millions de francs en Suisse
La marijuana récréative légale pourrait être accessible au public mexicain d'ici le second semestre 2022, mais les taxes et les produits dérivés pouvant être commercialisés restent à définir, selon les experts. Ceux qui contiennent du tétrahydrocannabinol (THC), l'élément psychoactif du cannabis considéré comme «l'or de la terre» pour cette industrie, selon M. Ponce, doivent encore être déterminés.
Comment l'usage du cannabis est-il réglementé en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Israël ?
Chaque semaine dans le monde en face, une même actualité vue par quatre correspondants de franceinfo. Aujourd'hui, direction l'Angleterre, l'Allemagne, les Pays-Bas et Israël pour faire le point sur l'usage du cannabis thérapeutique.
FRANCEINFO / RADIOFRANCE
Angélique Bouin, Frédéric MétézeaufranceinfoRichard PlaceLudovic PiedtenuRadio France
Mis à jour le 27/02/2021 | 09:46
publié le 27/02/2021 | 09:46
Faut-il dépénaliser ou légaliser le cannabis en France ? C'est un débat qui réapparaît régulièrement et dont l'Assemblée nationale s'est emparée. Une mission d'information parlementaire est chargée du dossier. Elle a lancé une consultation citoyenne sur l'usage récréatif du cannabis. L'expérimentation du cannabis thérapeutique, approuvé par les députés, doit commencer dans quelques semaines. Quelle elle est la réglementation à l'étranger ? Cette semaine, on vous emmène en Angleterre, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Israël, des pays qui sont plus ouverts que la France sur la question.
Au Royaume-Uni, la situation est assez comparable à la France. Le cannabis est une drogue assez répandue, même s'il est interdit de fumer un joint. Mais il y a davantage de souplesse, notamment avec le cannabis thérapeutique qui est autorisé, même s'il y a peu de consommateurs. Le cannabis pourrait rapporter beaucoup d'argent à l'État. Alors en période de pandémie où les caisses sont vides, les études se multiplient pour essayer d'établir précisément les potentielles recettes. Plus d'un milliard d'euros d'argent public pourrait être économisé en cas de légalisation du cannabis, notamment grâce aux frais de santé, de police, de justice, de prison. Ce serait de l'argent qui pourrait être utilisé dans d'autres secteurs, souligne Norman Lamb, un ancien ministre de David Cameron. Il s'est rendu au Canada il y a deux ans avec une équipe de la BBC pour découvrir cette industrie. Avant de revenir à Londres, il a consommé du cannabis et a déclaré que son vol retour était très agréable et qu'il avait dormi comme un bébé. Il a ensuite présenté un texte devant le Parlement pour essayer d'obtenir la légalisation du cannabis, mais sa proposition a été retoquée.
En Allemagne, l'usage récréatif du cannabis est dépénalisé. Les consommateurs ne risquent pas d'être arrêtés s'ils sont en possession de quelques grammes d'herbe. Cela peut aller jusqu'à 15 grammes à Berlin. Dans le parc de Görlitz par exemple, endroit qui a la réputation d'être mal famé, des dealers côtoient les familles et les promeneurs depuis des décennies. Qu'il pleuve ou qu'il vente, ils cohabitent avec les parents, les enfants, les groupes qui viennent faire des barbecues. La police ne parvient pas à les faire sortir du parc. Alors la municipalité de gauche a proposé de créer des zones de deal, en encerclant certains bancs par un trait de peinture rose pour délimiter les espaces où les vendeurs pourraient faire leur commerce. Mais la mesure a fait scandale, la presse conservatrice a parlé d'un abandon de l'État et le projet n'a pas vu le jour. Depuis quatre ans, la loi allemande autorise les médecins à prescrire du cannabis à usage thérapeutique, ce qui a entraîné une multiplication des magasins qui vendent des produits dérivés du cannabis.
En Israël, le cannabis thérapeutique est une véritable industrie. Il est utilisé depuis 15 ans pour soigner le stress post-traumatique des militaires, des victimes d'attentats, des malades du cancer et des épileptiques. Un groupe allemand a d'ailleurs signé, il y a quelques jours, un partenariat avec le principal fabricant israélien de cannabis thérapeutique. L'usage de cannabis récréatif reste, en revanche, une infraction. Mais le sujet revient régulièrement dans le débat politique, et Benyamin Nétanyahou lâche un peu plus de lest à chaque campagne électorale. Désormais, fumer un joint est puni d'un simple amende. Le Premier ministre israélien a également installé une commission qui réfléchit à la dépénalisation.
Aux Pays-Bas, la consommation de cannabis est évidemment autorisée, depuis 1976. C'est d'ailleurs là-bas que se retrouvent souvent les fumeurs européens. Chaque citoyen peut consommer de petites doses (moins de cing grammes) et cultiver légalement cinq plants pour son usage personnel. La vente dans les coffee shops est tolérée partout dans le pays. Mais souvent le cannabis est acheté via des filières à l'étranger, au sein de réseaux de criminalité, ce qui alimente les trafics. Alors l'État envisage d'encadrer la production sur son sol et lance un appel d'offres. Dix producteurs ont été tirés au sort, parmi 39 candidats jugés sérieux. Après une enquête sur leur intégrité, ils doivent, sans doute d'ici la fin de l'année, produire et fournir aux coffee shops de leur localité du chanvre et du haschich, dont la qualité sera contrôlée par les autorités. L'usage de cannabis thérapeutique est également légal.
Cannabis à des fins récréatives
La légalisation, deux ans plus tard
PHOTO BLAIR GABLE, ARCHIVES REUTERS
Après un démarrage marqué par des tablettes vides et des ruptures de stock, la Société québécoise du cannabis estime avoir maintenant tourné la page sur ces problèmes.
(Montréal) Il y a deux ans, jour pour jour, la consommation du cannabis à des fins récréatives était légalisée au Canada.
Publié le 17 octobre 2020 à 13h13
LA PRESSE CANADIENNE
Le gouvernement libéral de Justin Trudeau a plaidé que la prohibition de cette drogue n’avait servi qu’à enrichir le crime organisé. La réglementation de sa production, de sa distribution et de sa vente avait pour but de rediriger les Canadiens vers des sources d’approvisionnement plus sûres.
Les provinces ont néanmoins pu se doter de leurs propres règles et le Québec a adopté la ligne dure avec, entre autres, un âge minimal rehaussé à 21 ans pour obtenir du cannabis en toute légalité.
Le gouvernement québécois a aussi choisi de vendre la substance dans des boutiques gérées par l’État.
Après un démarrage marqué par des tablettes vides et des ruptures de stock, la Société québécoise du cannabis estime avoir maintenant tourné la page sur ces problèmes. En offrant plus de 200 produits en magasin, son président-directeur général, Jean-François Bergeron, croit que la société d’État a déjà arraché près de la moitié du marché noir.
En entrevue à La Presse Canadienne plus tôt cette semaine, M. Bergeron a dit prévoir atteindre l’objectif de verser un dividende de 50 millions dans les coffres de l’État à la fin de l’année financière.
Le grand patron de la société d’État, croit qu’il est peut-être même possible d’atteindre 75 % du marché illicite dans deux ans.
La SQDC évalue sa part de marché en estimant qu’il se consomme environ 150 millions de grammes de marijuana en une année au Québec.
Le réseau de 46 boutiques devrait passer à environ 70 points de vente au terme de l’exercice, en mars, avant d’atteindre près de 100 établissements vers 2023. La pandémie de COVID-19, qui a temporairement paralysé l’activité sur les chantiers de construction au printemps, a ralenti l’ouverture de succursales, mais la SQDC met les bouchées doubles pour rattraper le temps perdu.